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Notre-Dame

Les faucons crécerelles de Notre-Dame

Après l'incendie qui a ravagé Notre-Dame le 15 avril 2019, que sont devenus les faucons crécerelles qui s'apprêtaient à nicher sur la cathédrale ?

Une présence historique…

La présence des faucons crécerelles sur la cathédrale Notre-Dame est attestée au moins depuis 1840 par Zéphirin Gerbe (1810 – 1890). Pour autant, cette présence n’a pas été continue dans la mesure où, vers les années 1870, ils avaient disparu de Paris. En effet, Nérée Quépat (1845 – 1927), de son vrai nom René Paquet d'Hauteroche (le verlan ne date pas d’aujourd’hui…), fait part de sa surprise de voir un couple présent longuement dans les ruines du palais de Justice et la préfecture de Police après les incendies de la Commune. En soulignant le caractère exceptionnel de son observation, Quépat témoigne ainsi de la disparition des faucons crécerelles de Paris et avance que l’extension du tissu urbain en est la cause avec l’augmentation de la distance à parcourir pour aller se nourrir en banlieue. Les crécerelles ne sont revenues à Paris que vers le milieu du XXe siècle.

… à l’origine d’une enquête faucon crécerelle

Ce sont d’ailleurs les faucons crécerelles de Notre-Dame qui sont à l’origine de l’enquête faucons réalisée chaque année dans Paris intra-muros (et le château de Vincennes) depuis 1987. En effet, alors que l’enquête réalisée pour le FIR entre 1978 et 1982, avait abouti à une estimation maximale de 10 couples pour le département de Paris, la découverte de 5 couples nicheurs certains sur la cathédrale en 1986 a laissé penser que ce chiffre était sous-évalué et qu’une enquête était alors nécessaire pour mieux connaître la population des crécerelles de Paris. À partir de février 1987, le Corif, le FIR et LPO ont donc mis en place une prospection systématique des couples de Faucon crécerelle nicheurs dans la capitale. Depuis, le FIR et le Corif ont rejoint la LPO et, aujourd’hui, c’est le groupe Faucons de la LPO Île-de-France qui met en œuvre cette enquête.

Les lieux de nidification

L’attirance des faucons crécerelles pour la cathédrale s’explique aisément. En effet, Notre-Dame s’apparente à une falaise avec une multitude de reposoirs sur lesquels les crécerelles se sentent en sécurité. Mais ce sont surtout les trous de boulin qui leur offrent des possibilités de nicher. Ces trous ménagés dans les murs étaient destinés à recevoir les traverses - les boulins - qui portent les planchers des échafaudages lors de l’édification de la cathédrale. Après leur retrait, ces cavités ont été conservées pour faciliter la mise en place ultérieure de nouveaux échafaudages à l’occasion de travaux d’entretien.

 Photo ©Yves Gestraud

 

Mais Notre-Dame offre également d’autres possibilités de nidification pour les faucons crécerelles avec les pinacles. Il s’agit là d’ouvrages placés au sommet des contreforts des arcs-boutants en forme de maisonnette couverte d’un toit à deux pans sous lequel un trou permet d’accéder à une cavité spacieuse et bien abritée des intempéries. Ces ouvrages ne sont pas seulement décoratifs, leur raison d’être est d’ajouter du poids en hauteur pour mieux contrebalancer la poussée des arcs-boutants sur les contreforts.

 

 Photo ©Yves Gestraud

 

Les effectifs

4 ou 5 couples nicheurs étaient présents, selon les années, sur la cathédrale à la fin des années quatre-vingts. Depuis les années quatre-vingt-dix, 1 seul couple nicheur est répertorié, les cavités choisies pouvant changer d’une année sur l’autre.

En 2018, la mise en place des échafaudages pour les travaux de restauration de la flèche de Viollet-le-Duc a provoqué un dérangement certain pour les crécerelles qui n’ont donc pas niché sur la cathédrale alors qu’un couple était bien présent en début de saison de reproduction.

Cette année, un couple a été observé dès février et s’apprêtait à nicher sur une plateforme du transept nord. L’incendie du 15 avril 2019 qui a ravagé la cathédrale les a fait fuir mais le groupe Faucons s’est mobilisé pour retrouver d’abord la femelle le 18 avril puis le couple le lendemain, la femelle étant cantonnée sur sa probable aire de nidification. La date moyenne du début de la couvaison à Paris est le 24 avril.

Des dérangements en série après l’incendie…

Malheureusement, le 20 avril, les observateurs du groupe Faucons ont assisté, impuissants, à un vol de drone au-dessus de la cathédrale qui a eu pour conséquence de faire fuir le couple. Depuis, les travaux de sécurisation du site, avec 80 personnes mobilisées nuits et jours, tous métiers confondus, le bâchage de la cathédrale pour la protéger de la pluie, l’emmaillotage des pinacles pour éviter que des éléments ne chutent sur la voie publique … sont autant de dérangements qui remettent en cause le cycle biologique des crécerelles cette année.

Seule bonne nouvelle, l'énorme échafaudage, qui était là avant l'incendie pour les travaux de restauration de la flèche, même s'il est en partie brûlé, ne risque pas de s'effondrer. Les 250 tonnes de métal qu'il représente ne font donc pas pour le moment l'objet d'une urgence et son futur démontage ne menacera pas immédiatement la pérennité des faucons.

… et une loi d’exception pour la reconstruction

Mais il n’y a pas matière à se montrer optimiste pour l’avenir. Un projet de loi pour la reconstruction de Notre-Dame, actuellement en cours d’adoption par le Parlement, va, en effet, instaurer par ordonnance un régime dérogatoire aux règles d'urbanisme et de protection de l'environnement pour accélérer les travaux. Pour autant, la LPO cherche à prendre contact avec le général Georgelin, en charge de la direction de la reconstruction de Notre-Dame, pour lui signifier la présence des crécerelles et lui proposer de travailler en bonne intelligence avec la LPO-Île-de-France afin d’ essayer de permettre la nidification des crécerelles durant les travaux des cinq prochaines années.