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Quel est ce gros oiseau bossu avec des pattes d’alien ? Tout noir, un front blanc… plouf !

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Le Fuligule morillon

Fuligule Morillon, Aythya fuligula. Famille des Anatidae.

Un peu d'étymologie

Fuligule vient du latin fuligo (suie) pour souligner le noir de la poitrine. Afin de surenchérir encore sur ce caractère, morillon vient de Maure, habitant de l'ancienne Mauritanie (maurus en latin) et de sa variante more, influencée par l'espagnol moro. Morillon a la même origine que morille et se rapporte à sa couleur noire brillante. Pour la même raison, on l'a parfois nommé Jacobin.

Un petit canard en noir et blanc...

Le Fuligule morillon est un petit canard plongeur (36 à 38 cm de long et 69 à 73 cm d'envergure, pour 650 à 1065 grammes), possédant une tête caractéristique.

male

Mâle
Photo © Patrick Dubois / Corif

 

femelle

Femelle
Photo © Patrick Dubois / Corif

 

Son bec, bleu ardoise, est court, large et terminé par un onglet noir. Il s'appuie sur un front vertical (le bec forme un angle marqué avec le front) qui se poursuit par une calotte assez plate et par une huppe. Sa tête est rehaussée par de jolis yeux jaune d'or qui ont fait dire au naturaliste Belon qu'il n'a trouvé "onc oiseau qui eût l'oeil de couleur si veronne". En vol, sa barre alaire blanche est bien visible.

Le mâle nicheur ne peut être confondu. Sa tête, son cou, sa poitrine et son dos sont noirs, ainsi que sa huppe (bien marquée), tandis que ses flancs sont entièrement blancs. En éclipse (plumage arboré par les mâles en période de mue), les flancs sont lavés de brun, mais la huppe reste encore esquissée.

La femelle est brun foncé terne, et montre des flancs un peu plus clairs. La base de son bec est souvent blanchâtre, et sa nuque comporte un petit décrochement, qui évoque la huppe du mâle.

Le morillon peut vivre jusqu'à une quinzaine d'année... lorsque les chasseurs le lui permettent.

Un manteau tout neuf pour passer l'hiver!

Chez l'adulte, une mue post-nuptiale complète débute en mars, concernant les tectrices (plumes du corps) et les rémiges tertiaires (dernières plumes des ailes). Elle se poursuit par les rectrices (plumes de la queue), d'avril à septembre. Les autres rémiges tombent presque toutes simultanément, entre juin et septembre, diminuant de beaucoup les capacités de vol de l'oiseau durant environ 3 à 4 semaines. Une mue partielle, touchant le corps et la tête, a lieu de mars à juin (femelles) ou d'août à novembre-décembre (mâles).

Les mains dans les poches

Lorsqu'il nage, le Fuligule morillon redresse les plumes de ses flancs vers le haut, de sorte à former deux petites poches, dans lesquelles il "range" ses ailes... qui demeurent ainsi au sec !

L'amour à la plage...

Les hivernants que l'on observe chez nous viennent de Grande-Bretagne, de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne et de Scandinavie. On observe, généralement, un déséquilibre entre les sexes (le sex-ratio) car les mâles vont souvent moins loin vers le sud que les femelles et les jeunes.

Les oiseaux arrivent en Ile-de-France de septembre à fin novembre et peuvent y demeurer jusqu'à la mi-avril. On les trouve alors sur les fleuves et de nombreux plans d'eau (étangs, plans d'eau des carrières, bassins artificiels...), dés lors que ceux-ci sont suffisamment grands pour que les oiseaux s'y sentent en sécurité en se concentrant en leur centre.

Fuligule morillon

Le Casanova du lac
Photo © Jean-Claude Morin / Corif

C'est en fin d'hiver que les couples se forment.
En parade, le mâle lève la tête et le bec à 45 degrés et siffle doucement, puis revient à l'attitude initiale, mais toujours le cou tendu. Parfois, il renverse la tête en arrière ou se redresse sur ces pattes.
Les femelles se rapprochent alors, en lançant des cris brefs et rauques et en plongeant le bec dans l'eau.

Ecoutez les cris des femelles pendant la parade.

... Coquillages et crustacés

Durant l'hiver, les oiseaux consacrent la journée au repos ou à des activités de confort, ne partant manger qu'à la tombée de la nuit. Pendant cette période, les oiseaux stationnés à l'intérieur des terres se nourrissent principalement de proies animales, incluant les mollusques, les crustacés et les insectes.
Bien que les végétaux (en particulier les graines) puissent constituer l'essentiel de leur régime alimentaire, il reste néanmoins un grand amateur de Moule zébrée Dreissena polymorpha. Des analyses réalisées près de Londres ont ainsi révélé la présence de plus de 80 % de cette espèce dans son estomac.
C'est sous l'eau qu'il va chercher ses proies, en restant immergé 20 à 30 secondes (et parfois jusqu'à 50), à une profondeur pouvant dépasser les 5 mètres.

Une espèce gibier... en déclin

Le Fuligule morillon est classé gibier en France et figure, à l'échelon international, parmi les espèces pouvant être chassées (Directive oiseaux) et dont l'exploitation est possible, même si elle doit être réglementée (Convention de Berne). Pourtant, on le trouve aussi à l'annexe II de la convention de Bonn, qui liste les espèces migratrices se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessitant des mesures de conservation et de gestion appropriée.

effectif  

Nicheur rare en Ile-de-France, comme en France (il figure, à ce titre, sur la liste rouge des oiseaux disparus ou menacés), le Fuligule morillon voit depuis peu sa population reproductrice chuter aussi en Europe.

Pour les hivernants, la situation est plus contrastée. A l'échelon national, le Fuligule morillon poursuit un déclin hivernal entamé en 1989, suite à un maximum enregistré en 1988.

En Ile-de-France, en revanche, les effectifs ont brusquement augmenté en 2003, en raison de températures négatives persistantes, pour se stabiliser en 2004 et 2005 autour de 3300 individus. Une baisse des effectifs semble à nouveau se faire jour avec les résultats collectés en 2006.

Remerciements
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidé dans la rédaction de cet article, et notamment Guilhem Lesaffre, Pierre Le Marechal et Jean Hénon pour leurs précieuses informations et pour les données Wetlands International, Patrick Dubois et Jean-Claude Morin pour les photos et Fernand Deroussen qui nous a aimablement prêté le son qui accompagne ce document.

Pour en savoir plus sur le Fuligule morillon en Ile-de-France :
LE MARECHAL P. et LESAFFRE G. (2000) - Les oiseaux d'Ile-de-France : L'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. 343 p.
Le PASSER (Revue d'ornithologie francilienne) n°15 (Hiver 76/77, printemps 77) - Statut du Fuligule morillon en RP.
Le PASSER (Revue d'ornithologie francilienne) n°16 (Automne 77, hiver 77/78). - Le Fuligule morillon nicheur en RP et Remarques sur l'hivernage du Fuligule morillon aux étangs d'Armainvilliers et de Vincennes.