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L'espèce du mois
Le Guêpier d'Europe
Un oiseau emblématique
Le Guêpier d'Europe, Merops apiaster . Famille des Meropidae.
Oiseau au plumage impressionniste
Oiseau coloré et unique en son genre, le Guêpier d'Europe ne peut être confondu avec aucune autre espèce.
Mâle et femelle sont similaires et possèdent une gorge jaune vif, un ventre bleu, un dos roux et jaune et un
masque noir. Chez les adultes, une projection caudale forme un pic à l'arrière de la queue.
Photo © V. Ferriot / Corif
Un chasseur spécialisé
Ce migrateur africain, rejoint l'Ile-de-France à partir de la seconde quinzaine de mai, ouvrez bien vos yeux et vos oreilles
vous pourrez peut-être faire de belles rencontres. Il est aisé de le repérer en vol grâce à ses sifflements roulés et rauques
typiques ou posé sur les fils électriques au bord des routes, pour peu que l'on se balade dans un secteur favorable à l'espèce.
Bien que fort sociable et ayant un caractère doux, les guêpiers se disputent régulièrement en ébouriffant les plumes de la nuque
et du dos. Le guêpier est un chasseur aérien qui avale parfois ces proies en vol, mais généralement il se pose sur son perchoir
et frappe sa victime de quelques coups de bec avant de l'avaler en renversant la tête en arrière. Les proies sont des insectes
volants : guêpes, abeilles, bourdons, frelons, coléoptères, diptères, papillons, libellules, etc.
Le Guêpier d'Europe ne porte
pas son nom pour rien, en effet, les hyménoptères restent les proies de prédilection de l'espèce, d'autant plus que le guêpier
reste insensible à leurs piqûres.
Le guêpier et sa proie
Photo © V. Ferriot / Corif
Un nicheur qui sait s'adapter
Dans la région, le guêpier niche principalement dans les carrières de sable et parfois dans un simple talus au milieu d'une friche.
Il apprécie les plaines et le voisinage des cours d'eau ainsi que la présence de quelques arbres lui servant de perchoirs d'affût et de
repos. La nidification ne réussit que sous un climat sec et chaud, méditerranéen ou continental; ces conditions déterminent la répartition
de l'espèce. Les guêpiers forment des colonies pour la nidification de quelques couples à quelques dizaines. Bien que l'espèce se soit
adaptée aux carrières, elle utilise originellement les falaises sablonneuses ou argileuses des rivières pour nicher. Le tout est d'avoir
une paroi verticale assez friable et bien exposée pour y creuser une cavité, quelle que soit la hauteur. Dans d'autres régions comme en
Corse, l'espèce peut même s'installer dans un sol plat ou en pente. Les colonies formées par les guêpiers sont plus dispersées que
celles des Hirondelle de rivage.
Plusieurs techniques de charme
Les couples sont formés avant même l'arrivée sur les zones de nidification. Dès leur arrivée, ils vont rapidement choisir quelques
perchoirs de prédilection et défendre l'emplacement choisi pour le nid auprès de leurs congénères. Le mâle et la femelle stationnent
longuement côte à côte et se livrent aux mêmes activités nuptiales : l'un s'envole et revient en se raidissant à la verticale puis s'incline
plusieurs fois devant son partenaire qui l'accueille en ébouriffant les plumes de son dos voûté. Ils peuvent aussi s'appuyer l'un contre
l'autre en battant de l'aile extérieure.
La distinction des sexes s'avère quasiment impossible pendant les parades mais souvent le mâle va
présenter une offrande (une proie) à sa partenaire en frétillant de la queue, ce qui finit par déboucher par un accouplement.
Couple de guêpier
Photo © D. Robert / Corif
Un couple solidaire
Lors de la confection du nid, le couple va s'activer à tour de rôle : à coup de bec, ils vont effriter une paroi et rejeter la terre en
arrière avec les pattes. Le tunnel formé est horizontal et large de 5 à 8 cm. La profondeur varie selon les terrains, elle peut aller de 70 cm
à 2,50 m de long (1 à 2 mètres en moyenne). Le tunnel débouche sur une chambre de ponte d'environ 25 à 32 cm, haute de 12 cm en moyenne.
La confection du terrier dure, selon le sol, entre 10 et 25 jours et environ 5 à 7 œufs y sont déposés. La couvaison est faite par les deux
partenaires qui s'alternent toutes les 10 à 30 minutes. Du fait de la longueur du tunnel, les adultes en sortent en marche arrière après avoir
ramené une proie à la couvée.
Guêpier au nid en Île-de-France
Photo © C. Grangier / Corif
C'est parti pour la migration
Une fois que les jeunes ont pris leur envol, ils retournent dormir dans le nid quelques jours puis rejoignent les dortoirs
que forment les adultes. Les jeunes apprennent à chasser avec les adultes et vont continuer à être nourris par leurs parents
jusqu'au départ pour la migration. Elle a lieu en Île-de-France de mi-août à mi-septembre. Les groupes migrateurs voyagent de
jour, assez haut dans le ciel ; ils peuvent être repérés par leurs cris. Le Guêpier d'Europe rejoint alors ses quartiers hivernaux
en Afrique tropicale et méridionale. Une grande partie de la population européenne semble hiverner du Sénégal au Ghana.
La répartition en France et en Île-de-France
Au début des années 2000, entre 6 000 et 10 000 couples nicheurs ont été comptabilisés en France, dont une grande partie dans les plaines
du pourtour méditerranéen. Elle a progressé vers le nord du pays à la fin des années 1960, mais cette dernière a ralenti au début des années 2000.
Le Guêpier d'Europe est un nicheur et un migrateur rare en Île-de-France. Il s'est installé, vers le milieu des années 1970, au sud de la
Seine-et-Marne, puis il a colonisé le sud-est de l'Essonne en 1978. En 1986, l'Essonne a commencé à être le département le plus riche dans
la région avec une trentaine de couples contre une quinzaine en Seine-et-Marne. Entre 1996 et 1999, il y avait entre 110 et 130 couples :
une centaine dans la vallée de l'Essonne et une vingtaine-trentaine au sud de la Seine-et-Marne. Cependant, depuis le début du XXIème siècle,
l'espèce semble décliner dans la région, peut-être à cause du ralentissement de l'exploitation des carrières. L'espèce est considérée comme
en danger critique d'extinction en Île-de-France selon la liste rouge régionale des oiseaux nicheurs.
Bibliographie
LE MARECHAL P., LALOI D., LESAFFRE G. (2013) Les oiseaux d'Île-de-France, Nidification, migration, hivernage.- Delachaux et Niestlé. 511 p.
GEROUDET P. (1980) Les passereaux I : du coucou aux corvidés- Delachaux et Niestlé. 235 p.
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