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Le Barbastelle d'Europe

Une chauve-souris pas comme les autres…

Le Barbastelle d'Europe , Barbastella barbastellus Schreber, 1774). Classe des Mammifères. Ordre des Chiroptères. Famille des Vespertillionidés (comme les Murins). Genre Barbastella.

© V.PRIE

Photo © V. Prié Corif

En habit sombre

La Barbastelle d'Europe, est une chauve-souris très sombre de taille moyenne. Sa face plate est noire anthracite, tout comme les membranes alaires et les oreilles.
La bouche est toute petite. Observé à distance, le pelage semble d'un noir homogène mais vu de près, il s'avère long et dense avec des mèches dorsales claires, beiges à grises.
Le ventre quant à lui est gris sombre, couleur cendre.

Un portait particulier

Les oreilles des Barbastelles, grandes et presque carrées, ont leurs bords internes qui se rejoignent sur le front, encerclant leurs petits yeux brillants.
Ce signe distinctif fait que cette espèce ne peut être confondue avec aucune autre en Europe occidentale.
Les tragus (pavillons de l'oreille) sont triangulaires, bien visibles et dressés dans le cône de l'oreille.

Caractères du genre :

- taille moyenne

- oreilles caractéristiques, larges, rattachées au-dessus de la tête et jointives au sommet du crâne

- tragus triangulaire assez long

- museau aplati, narines orientées vers le haut

- pelage sombre

Description, caractères distinctifs :

- longueurs avant-bras : 31 à 44 mm

- longueur T+C : 45-60 mm

- Poids : 6 à 14 g

- Envergure : 240-290 mm

Un cycle de vie en deux temps

© CORIF

Active ou endormie

Comme tous les microchiroptères, la Barbastelle d'Europe possède un cycle de vie avec une phase active pendant la belle saison et une phase endormie en hiver, lorsqu'il n'y a plus rien à se mettre sous la dent.
On la trouve habituellement en site souterrain quand l'hiver est bien installé, de fin novembre à mars et plus rarement d'octobre à avril.
Peu frileuse, elle peut se réveiller et être active dès le tout début du printemps, même par des températures proches de zéro.

Reproduction en deux temps aussi

Phénomène étonnant chez les chauves-souris, la copulation et la fécondation ont lieu à deux moments bien distincts.
Ainsi, bien que les accouplements aient lieu en fin d'été ou à l'automne (dès fin août), juste avant l'hibernation, les femelles ne se féconderont qu'à leur réveil au printemps.
Il en résulte une totale séparation entre les mâles, qui seront solitaires ou en petits groupes pendant l'été, et les femelles qui vont se regrouper en colonie d'élevage. Ces dernières arrivent en mai sur leurs lieux de mise bas et en repartiront au plus tard fin août.
La femelle donne naissance à un jeune vers la troisième semaine de juin en France.
Ils sont allaités jusqu'à six semaines et atteignent leur taille adulte vers 8-9 semaines, parfois plus tôt.

Les Barbastelles restent actives tardivement (jusqu'à mi-novembre en gîte épigé), profitant des dernières semaines pour faire un maximum de réserves, repérer leur gîte pour l'hibernation et se regrouper pour les accouplements.
Un gîte épigé correspond à des combles de château/forfaitisation, d'église, de maison/immeuble, de grange/écurie, ponts; à la différence d'un gîte hypogé (grotte, mine, cave, puit, etc...).

L'espèce n'est pas considérée comme migratrice, elle occupe toute l'année le même domaine vital. Très fidèles, les colonies reviendront au même endroit sur plusieurs dizaines d'années.
L'espérance de vie est comprise entre 5 et 6 ans, bien que la plus vieille Barbastelle retrouvée baguée ait atteint l'âge de 22 ans.

Une vie active aux beaux jours

Durant sa phase active, la Barbastelle d'Europe fréquentera principalement les milieux forestiers assez ouverts, bien qu'elle apprécie également les paysages agricoles traditionnels contenant des haies et lisières.

Faisant partie des chiroptères les plus spécialisées en Europe, elle se nourrit presque exclusivement de microlépidoptères (différents petits papillons) qu'elle capture en vol.
Ses proies secondaires peuvent être des Névroptères, des mouches ou des araignées.
Elle part en chasse à la nuit presque noire, sous les canopées entre sept et dix mètres, comme au-dessus des frondaisons ; ou se déplace de manière linéaire le long des plantations, des chemins forestiers ou des clairières ouvertes mais à faible hauteur.
Les femelles se déplacent sur un rayon de 4 à 5 km et exploitent entre 5 et 10 territoires de chasse différents chaque nuit.
Les mâles adultes, moins vagabonds, utilisent moins de terrain de chasse et vont moins loin.

Niveau logement, on la trouvera presque toujours contre le bois, transformé ou non par l'homme, installée dans une étroiture qui la met à l'abri des prédateurs mais pas forcément des intempéries.
En forêt, elle sera à toutes les hauteurs, sous les écorces décollées des arbres vivants ou morts. Et dans les bâtiments, elle sera entre deux poutres disjointes d'une entrée de grange ou dans une large mortaise de charpente, sous un chevauchement de planches, entre un mur et un chevron, un coffrage de fenêtre ou derrière des volets laissés ouverts.

Dans tous les cas, la Barbastelle change régulièrement d'endroit et a donc besoin d'une grande disponibilité de gîtes.
En forêt les colonies changent d'arbre quasi journellement (plus de 30 arbre-gîtes différents peuvent être utilisés pendant une période d'estivage).
Dans les bâtiments, les colonies sont plus importantes et plus stables qu'en forêt, passant une semaine à trois mois au même endroit, particulièrement pendant la période d'allaitement. Très farouches, les colonies disparaissent au lendemain d'une forte perturbation comme une séance de prise de vues ou d'observation prolongées à la lampe.

© C.ROBILLER

Photo © Wikimedia Commons/C.Robiller

Et l'hiver, où se cachent-elles ?

On retrouve la Barbastelle principalement dans des zones sombres, humides et à températures stables : caves voûtées, ruines, tunnels ferroviaires, ponts bien enterrés échappant au fort gel et dans les entrées des grottes, en particulier par grand froid.
Des individus isolés peuvent être découverts derrières les volets ou sous les écorces décollées des arbres.

En cavité, elle est indifféremment installée en fissure, accrochées librement à la voûte ou à plat ventre dans une anfractuosité.
La Barbastelle ne craint pas les endroits ventilés, peu attractifs pour les autres chauves-souris, et elle est rarement couverte de condensation.
Elle recherche toutefois une hygrométrie (désigne la quantité d'humidité contenue dans l'air) proche de la saturation et des températures très basses, de 2 à 5°C et supporte même temporairement celles légèrement en dessous de zéro.

Un peu d'acoustique !

La Barbastelle est quasi muette sur les sites de reproduction, mais à l'automne, les mâles poussent parfois des cris sociaux très semblables à ceux de la Pipistrelle de Kulh.
Elle peut devenir " bavarde " dans les sons audibles au contact de l'homme, en centre de soin par exemple.
Les signaux de chasse sont en fréquence modulée abrupte. Deux types sont souvent poussés en alternance : " tchif tchef tchif ", le premier avec un maximum d'énergie autour de 31-33 kHZ, le second entre 41 et 42 kHz. Cette cadence serait une adaptation à la capture de papillons tympanés dont elle est friande.
Pour écouter un extrait d'enregistrement ultrasonore, c'est par ici.

Si une espèce est protégée, c'est qu'il y a danger !

© INPN

Source : site de l'INPN ( https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/60345 )

Comme toutes les espèces de chauves-souris en France, la Barbastelle d'Europe est une espèce protégée.
Elle est soumise à de nombreuses menaces comme l'utilisation de pesticides dans les champs, les traitements chimiques des charpentes, les gestions forestières qui ne conservent pas les arbres morts ou sénescents, les nettoyages des sous-bois, la pollution lumineuse, les routes, le dérangement des gîtes d'hibernation ou des colonies de reproduction, etc.

Pour contrer cela, des études permettent de suivre les populations et de connaitre les gîtes utilisés afin de mettre en place des mesures de protection.
Des conseils peuvent également être suivis, notamment dans la gestion forestière : conserver les arbres vieillissants, limiter les traitements chimiques et favoriser le mélange d'essences d'arbres pour limiter la propagation des insectes ravageurs, sensibiliser les propriétaires et gestionnaires forestiers, faire des aménagements ponctuels des routes aux endroits déterminés comme mortifères.

Bibliographie

ARTHUR L. & LEMAIRE M. 2009. - Chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse-Biotope, Mèze (Collection Parthénope); MNHN, Paris, 544p

Site : https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/60345