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L'espèce du mois

La Linotte mélodieuse

Moins distraite qu'on pense

La Linotte mélodieuse , Carduelis cannabina . Famille des Fringillidés.

Histoire d'un nom

Carduelis cannabina, des latins cardus, le chardon et cannabis, le chanvre, deux plantes dont l'espèce est friande. Le nom vernaculaire, Linotte mélodieuse, vient du lin, une troisième plante très appréciée par cet oiseau, et de la musicalité de son chant.

Portrait

La Linotte mélodieuse est un passereau granivore. Le mâle possède un front et une poitrine rouges en période nuptiale et brun-rougeâtres le reste de l'année. Sa nuque est grise et son dos est brun uni.
Chez la femelle et les immatures, la nuque est brun-gris, le dos et la calotte brun légèrement striés et la poitrine beige rayée de brun.
Chez les deux sexes, le bec est gris et les rémiges primaires sont bordées de blancs.

© Dubois

Couple de Linotte mélodieuse
Photo © Y. Dubois / Corif

Répartition

La Linotte mélodieuse est présente dans toute l'Europe, la majorité de l'Asie et le nord de l'Afrique. Elle peut être observée dans toute l'Île-de-France, même si sa densité est plus faible dans les départements de la Petite Couronne et dans Paris.

Habitat

Elle recherche des espaces ouverts, à la végétation basse ou clairsemée, parsemés de broussailles, de buissons ou de haies qui lui servent de refuges et de support pour son nid.
Elle vit dans les zones agricoles bocagères, les vergers, les friches, les landes, les jardins, les parcs… En forêt, elle occupe les clairières, les parcelles de régénération et les jeunes plantations.
Rare au sein des grandes agglomérations franciliennes, sa nidification y est surtout liée aux friches.

Régime alimentaire

Le régime alimentaire de la Linotte mélodieuse est en grande partie composé de graines de Brassicacées (ou crucifères), comme le Colza, de graminées, d'Asteraceées (ou composées), comme les Chardons ou de Polygonacées, comme les Rumex. Elle se nourrit aussi de graines d'aulnes ou de conifères et de bourgeons. Les insectes et les araignées complètent ponctuellement son alimentation en période de reproduction. Même les jeunes mangent majoritairement des graines.

© GLORIA

Colza
Photo © C. Gloria / Corif

© BRABANDER

Chardon
Photo © S. Brabander / Corif

© ANGLADE

Rumex
Photo © I. Anglade / Corif

Reproduction

En mars ou en avril, les couples se séparent de leur bande hivernale. Ils s'établissent seuls ou en colonies lâches. La femelle construit rapidement un nid. Posé à faible hauteur, il n'est pas toujours dissimulé dans la végétation.
Cette « insouciance » fait d'elle une véritable « tête de linotte ». Elle implique aussi souvent des destructions de nichées et donc des pontes de remplacement.
Si tout se passe bien, l'incubation dure douze à treize jours. Les quatre à six œufs sont couvés majoritairement par la femelle, puis les deux adultes participent à l'élevage des jeunes. Ces derniers quittent le nid à environ douze jours.
Ils sont guidés par leurs parents pendant deux semaines avant de se rassembler en petites bandes errantes.
Les adultes font ensuite une deuxième nichée.

Migration

Dès la fin de la nidification, les linottes se regroupent en bande pouvant dépasser le millier d'individus.
Migratrice partielle, une partie part vers le sud tandis que l'autre est sujet à de l'erratisme hivernal.

Situation en Île-de-France

En Île-de-France, la Linotte mélodieuse est une nicheuse, une migratrice et une hivernante commune.
Mais la densité de couples nicheurs y est nettement inférieure à la moyenne nationale.
L'espèce est en déclin important en France sur le long terme même si ces effectifs sont plus stables sur les dix dernières années. Cette stabilité récente correspond à ce qui est observé dans la région où les variations d'effectifs ne permettent pas de conclure sur l'évolution de l'espèce entre 2006 et 2016.

© Graphique

Evolution des effectifs de la Linotte mélodieuse en Île-de-France entre 2006 et 2016 d'après les données de l'Observatoire Régional des Oiseaux Communs
Graphique © Observatoire Régional des Oiseaux Communs

Déclin et protection

Le déclin observé à long terme est sans doute lié à la baisse de ses ressources alimentaires. Les petites graines d'herbacées sauvages sont souvent considérées comme de " mauvaises herbes " et donc éliminées des zones de cultures, des parcs et des jardins.
La Linotte mélodieuse est aujourd'hui considéré comme une nicheuse vulnérable, donc, menacée en France et quasi-menacée en Île-de-France.
Sa protection passe par le maintien et le rétablissement de zones herbacées hautes en milieu agricole comme en zone bâtie et par la diminution, et si possible l'arrêt, de l'utilisation des pesticides.