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La Rousserolle verderolle

Acrocephalus palustris

 

 

La Rousserolle verderolle fait partie d’un groupe de fauvettes méconnues, les paludicoles, autrement dit les fauvettes des marais. Difficile à observer et à identifier, la Rousserolle verderolle a cependant des caractéristiques bien à elle.

  © J. Coatmeur

© Y. Dubois / LPO-IDF

 

Ordre : Passériformes
Famille : Acrocéphalidés
Genre : Acrocephalus
Espèce : Acrocephalus palustris

La Rousserolle verderolle, ou comment allier performance et sens de la nuance.
Un maître-mot : la discrétion

Longue de 13 cm, la Rousserolle verderolle a un bec fin et un plumage sobre dont les tons bruns doux lui assurent un bon camouflage.

Pas de dimorphisme sexuel pour cette espèce : le mâle et la femelle arborent tous deux un dos d’un brun-gris clair légèrement vert – d’où son appellation de verderolle –, un dessous beige clair et des pattes d’un rose brunâtre assez pâle. Sa cousine, la Rousserolle effarvatte, lui ressemble beaucoup. Un plumage plus clair, un sourcil plus pâle, un bec un peu plus court et une tête plus ronde distinguent la Verderolle.

Les juvéniles des deux espèces sont encore plus semblables que les adultes.

Des critères supplémentaires comme l’habitat et le chant sont donc nécessaires pour distinguer la Rousserolle verderolle de la Rousserolle effarvatte.

© rousserolle verderolle

© Dessin de Marie Gaupillat

Dans les hautes herbes

Plutôt frais et humide, son habitat de prédilection est fait d’herbes hautes auxquelles se mêlent roseaux et reines-des-prés. Elle aime particulièrement les bords des cours d’eau et les marais et fera volontiers d’un massif touffu d’orties sa terre d’élection. Mais, à la différence de l’Effarvatte qui se montre plus dépendante des milieux humides, la Rousserolle verderolle sait s’adapter à des sols plus secs comme les champs de céréales ou même à une petite friche urbaine, pourvu qu’ils lui proposent des tiges solides et denses ainsi que quelques buissons. Elle vole ainsi d’une tige à l’autre en s’y agrippant latéralement et utilise les buissons environnants comme poste de chant.

Insectivore, elle se délecte des mouches mais sait apprécier araignées et pucerons, parfois aussi quelques baies.

Une fois par an en général – une seconde couvée est possible mais rare –, vers la fin du printemps, la femelle accroche un nid fait d’herbes sèches et de petites racines bien dissimulé à mi-hauteur de plusieurs tiges. Un groupe de 4 à 5 petits oeufs d’un gris tirant vers le bleu-vert et tachetés de brun est bientôt couvé à la fois par le mâle et par la femelle. L’éclosion a lieu après 12 à 14 jours. Les parents se séparent ensuite pour, chacun, continuer à s’occuper d’une partie des poussins qui quittent le nid, à l’âge de 10 jours environ. L’envol des jeunes a lieu vers l’âge de 30 jours.

Musicienne surdouée… et farceuse

Subtile par son plumage, elle l’est encore davantage par son chant. Car c’est une chanteuse hors pair.

Volubile, le mâle chante avec intensité de mai à la mi-juin. Il se peut même qu’on l’entende de nuit. Pendant qu’il chante, l’avant de sa calotte se hérisse légèrement, lui donnant un air un peu ébouriffé ! Puis, l’oiseau se fait de plus en plus discret : son chant décroît doucement jusqu’à cesser complètement à la mi-juillet.

Par son rythme et sa diversité, ce chant est ce qui rend la Rousserolle verderolle à la fois originale et difficile à reconnaître. Cette fauvette a en effet un chant rapide et varié : capable de changer de tempo, elle accélère et ralentit sans cesse en un flux nerveux interrompu seulement par de courtes pauses.

De plus, elle imite si bien le chant des autres oiseaux rencontrés pendant ses déplacements, y compris de nombreuses espèces africaines, qu’il est souvent difficile de distinguer le chant original de son imitation.

C’est ce chant, « stupéfiant de vitesse et de richesse » qui fait de la Rousserolle verderolle « le meilleur « rappeur » de la nature » 1.

  © Rousserolle verderolle

Rousserolle verderolle © Marek Szczepanek

Vous voulez écouter les exploits vocaux de cet oiseau de 13 grammes ? Suivez ce lien :

www.lpo-idf.fr/Chant_Fauvettes_pouillots_roitelets

© Rousserolle verderolle

T. Riabi / LPO-IDF

Globe-trotter

Brève visiteuse d’été, c’est pour nicher que la Rousserolle verderolle vient en France. Elle y séjourne environ deux mois, de mai à la fin juillet, parfois jusqu’en septembre pour les plus jeunes. Sa destination hivernale, très lointaine, fait qu’elle est l’une des dernières espèces nicheuses à arriver à son lieu de reproduction et l’une des premières à en repartir.

Migratrice nocturne de type oriental, elle emprunte une voie qui passe par l’est de la Méditerranée, le Moyen-Orient et l’est africain pour aboutir aux zones de savane de l’extrême sud-est de l’Afrique.

La Rousserolle verderolle dans le monde, en Europe et en France

Tant au niveau mondial que national, l’UICN classe actuellement son statut de conservation au niveau de « préoccupation mineure » (LC), catégorie qui correspond aux espèces dont le risque de disparition est faible.

Espèce protégée dans notre pays, la Rousserolle verderolle niche du nord-ouest de la France jusqu’à la mer Caspienne et à l’est de l’Oural.

La population européenne est considérée comme stable sur l’ensemble de la période 1980-2012.

© Rousserolle verderolle

T. Riabi / LPO-IDF

En France, les effectifs nicheurs sont également considérés comme stables (période 1989-2013), avec même une légère augmentation constatée de 2001 à 2013. Les sources divergent à ce sujet mais le nombre de couples peut être estimé, en France, entre 10000 et 20000 (pour 2009-2012)2. Puisque la France constitue la limite occidentale de la répartition de la Rousserolle verderolle, sa présence n’a quasiment pas été constatée dans les villes françaises (une espèce s’urbanise en général plus facilement dans la partie centrale de sa répartition que sur les bordures) alors qu’elle est visible dans toutes les villes d’Europe centrale et du Nord, comme Varsovie, Vienne ou Hambourg.

Préférant les lieux à climat humide et frais du nord-est du pays, il est toutefois possible de la rencontrer dans les trois quarts de la France à l’exception de la partie sud-ouest.

D’ailleurs, depuis une trentaine d’années, son aire de répartition s’est étendue vers l’Ouest. Ainsi, on la trouve de la Normandie au nord des Alpes, où elle niche aussi bien en plaine qu’en altitude, jusqu’à 2000 mètres environ.

En Île-de-France

La Rousserolle verderolle n’est pas la fauvette paludicole la mieux représentée dans notre région, l’Île-de-France étant située le long de la limite sud-ouest de son aire de répartition globale.

Ainsi, en Île-de-France, la Rousserolle verderolle est une nicheuse et migratrice peu commune dont le nombre de couples est estimé entre 500 et 1500 (2010). Et, à l’image de sa répartition sur l’ensemble du territoire français, elle est plus commune dans le nord-est francilien que dans le sud-ouest de la région.

À Paris, sa présence a été constatée dans des friches des 12e et 18e arrondissements (2005-2010) mais sa reproduction n’y a jamais été observée avec certitude. De très rares contacts ont été pris dans les bois de Vincennes et Boulogne depuis les années 90.

Malgré la bonne santé globale des effectifs, une récente tendance à la baisse est observée dans notre région. La raréfaction des milieux humides, une urbanisation grandissante et les changements climatiques pourraient avoir une influence sur ce passereau dans un futur proche.

carte rousserolle verderolle

Carte de nidification de la Rousserolle verderolle Acrocephalus palustris en Île-de-France (issue de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France, 2009-2014).
En rouge les nicheurs certains, en orange les nicheurs probables et en jaune les nicheurs possibles. Les cercles concentriques donnent une idée des effectifs nicheurs par maille du quadrillage : de 1 à 10 couples pour les petits cercles, de 11 à 100 pour les plus grands cercles, des losanges lorsqu’il n’y a pas eu de dénombrement.

Le saviez-vous ?

Alors que la majorité des autres oiseaux peut imiter environ 70 chants, la Rousserolle verderolle possède un répertoire de 200 espèces ! En espagnol, on ne l’appelle pas pour rien la Rousserolle polyglotte (Carricero políglota).

© Lea Schlemmer

© Rousserolle verderolle - Aquarelle et crayon de Léa Schlemmer


1 M. Constantine, K. Mullarney, G. Lesaffre (2008), La voix des oiseaux : une nouvelle approche des cris et des chants. Delachaux et Niestlé, 192 p. et 2 CD.

2 N. Issa, Y. Muller (2015), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Delachaux et Niestlé, 1408 p.


Bibliographie

Ouvrages

  • Atlas des oiseaux nicheurs d’Île-de-France, 2009-2014. Centre ornithologique d’Île-de-France (CORIF), 203 p.
  • P. Cabard, B. Chauvet (1995), L’étymologie des noms d’oiseaux : origine et sens des noms des oiseaux d'Europe. Éveil éditeur, 208 p.
  • M. Constantine, K. Mullarney, G. Lesaffre (2008), La voix des oiseaux : une nouvelle approche des cris et des chants. Delachaux et Niestlé, 192 p. et 2 CD.
  • V. Dierschke (2017), 440 oiseaux. Delachaux et Niestlé, 256 p.
  • P. J. Dubois… (2000), Inventaire des oiseaux de France : avifaune de la France métropolitaine. Nathan, 397 p.
  • P. Géroudet (1974), Les passereaux d'Europe, tome 2 : Des mésanges aux fauvettes. Delachaux et Niestlé, 320 p.
  • N. Issa, Y. Muller (2015), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Delachaux et Niestlé, 1408 p.
  • P. Le Maréchal, G. Lesaffre, J. Chevallier (2000), Les oiseaux d'Île-de-France : l'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé, 343 p.
  • F. Malher, G. Lesaffre, M. Zucca, J. Coatmeur (2010), Oiseaux nicheurs de Paris : un atlas urbain. Delachaux et Niestlé, 239 p.
  • L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström (2010), Le guide ornitho : le guide le plus complet des oiseaux d'Europe, d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, 900 espèces. Delachaux et Niestlé, 446 p.

Sites internet

Article rédigé par Marie-Béatrice Billault