L'espèce du mois
La Rousserolle verderolle, ou comment allier performance et sens de la nuance.Un maître-mot : la discrétionLongue de 13 cm, la Rousserolle verderolle a un bec fin et un plumage sobre dont les tons bruns doux lui assurent un bon camouflage. Pas de dimorphisme sexuel pour cette espèce : le mâle et la femelle arborent tous deux un dos d’un brun-gris clair légèrement vert – d’où son appellation de verderolle –, un dessous beige clair et des pattes d’un rose brunâtre assez pâle. Sa cousine, la Rousserolle effarvatte, lui ressemble beaucoup. Un plumage plus clair, un sourcil plus pâle, un bec un peu plus court et une tête plus ronde distinguent la Verderolle. Les juvéniles des deux espèces sont encore plus semblables que les adultes. Des critères supplémentaires comme l’habitat et le chant sont donc nécessaires pour distinguer la Rousserolle verderolle de la Rousserolle effarvatte. ![]() © Dessin de Marie Gaupillat Dans les hautes herbesPlutôt frais et humide, son habitat de prédilection est fait d’herbes hautes auxquelles se mêlent roseaux et reines-des-prés. Elle aime particulièrement les bords des cours d’eau et les marais et fera volontiers d’un massif touffu d’orties sa terre d’élection. Mais, à la différence de l’Effarvatte qui se montre plus dépendante des milieux humides, la Rousserolle verderolle sait s’adapter à des sols plus secs comme les champs de céréales ou même à une petite friche urbaine, pourvu qu’ils lui proposent des tiges solides et denses ainsi que quelques buissons. Elle vole ainsi d’une tige à l’autre en s’y agrippant latéralement et utilise les buissons environnants comme poste de chant. Insectivore, elle se délecte des mouches mais sait apprécier araignées et pucerons, parfois aussi quelques baies. Une fois par an en général – une seconde couvée est possible mais rare –, vers la fin du printemps, la femelle accroche un nid fait d’herbes sèches et de petites racines bien dissimulé à mi-hauteur de plusieurs tiges. Un groupe de 4 à 5 petits oeufs d’un gris tirant vers le bleu-vert et tachetés de brun est bientôt couvé à la fois par le mâle et par la femelle. L’éclosion a lieu après 12 à 14 jours. Les parents se séparent ensuite pour, chacun, continuer à s’occuper d’une partie des poussins qui quittent le nid, à l’âge de 10 jours environ. L’envol des jeunes a lieu vers l’âge de 30 jours. Musicienne surdouée… et farceuse
Vous voulez écouter les exploits vocaux de cet oiseau de 13 grammes ? Suivez ce lien : www.lpo-idf.fr/Chant_Fauvettes_pouillots_roitelets ![]() T. Riabi / LPO-IDF Globe-trotterBrève visiteuse d’été, c’est pour nicher que la Rousserolle verderolle vient en France. Elle y séjourne environ deux mois, de mai à la fin juillet, parfois jusqu’en septembre pour les plus jeunes. Sa destination hivernale, très lointaine, fait qu’elle est l’une des dernières espèces nicheuses à arriver à son lieu de reproduction et l’une des premières à en repartir. Migratrice nocturne de type oriental, elle emprunte une voie qui passe par l’est de la Méditerranée, le Moyen-Orient et l’est africain pour aboutir aux zones de savane de l’extrême sud-est de l’Afrique. La Rousserolle verderolle dans le monde, en Europe et en FranceTant au niveau mondial que national, l’UICN classe actuellement son statut de conservation au niveau de « préoccupation mineure » (LC), catégorie qui correspond aux espèces dont le risque de disparition est faible. Espèce protégée dans notre pays, la Rousserolle verderolle niche du nord-ouest de la France jusqu’à la mer Caspienne et à l’est de l’Oural. La population européenne est considérée comme stable sur l’ensemble de la période 1980-2012. ![]() T. Riabi / LPO-IDF En France, les effectifs nicheurs sont également considérés comme stables (période 1989-2013), avec même une légère augmentation constatée de 2001 à 2013. Les sources divergent à ce sujet mais le nombre de couples peut être estimé, en France, entre 10000 et 20000 (pour 2009-2012)2. Puisque la France constitue la limite occidentale de la répartition de la Rousserolle verderolle, sa présence n’a quasiment pas été constatée dans les villes françaises (une espèce s’urbanise en général plus facilement dans la partie centrale de sa répartition que sur les bordures) alors qu’elle est visible dans toutes les villes d’Europe centrale et du Nord, comme Varsovie, Vienne ou Hambourg. Préférant les lieux à climat humide et frais du nord-est du pays, il est toutefois possible de la rencontrer dans les trois quarts de la France à l’exception de la partie sud-ouest. D’ailleurs, depuis une trentaine d’années, son aire de répartition s’est étendue vers l’Ouest. Ainsi, on la trouve de la Normandie au nord des Alpes, où elle niche aussi bien en plaine qu’en altitude, jusqu’à 2000 mètres environ. En Île-de-FranceLa Rousserolle verderolle n’est pas la fauvette paludicole la mieux représentée dans notre région, l’Île-de-France étant située le long de la limite sud-ouest de son aire de répartition globale. Ainsi, en Île-de-France, la Rousserolle verderolle est une nicheuse et migratrice peu commune dont le nombre de couples est estimé entre 500 et 1500 (2010). Et, à l’image de sa répartition sur l’ensemble du territoire français, elle est plus commune dans le nord-est francilien que dans le sud-ouest de la région. À Paris, sa présence a été constatée dans des friches des 12e et 18e arrondissements (2005-2010) mais sa reproduction n’y a jamais été observée avec certitude. De très rares contacts ont été pris dans les bois de Vincennes et Boulogne depuis les années 90. Malgré la bonne santé globale des effectifs, une récente tendance à la baisse est observée dans notre région. La raréfaction des milieux humides, une urbanisation grandissante et les changements climatiques pourraient avoir une influence sur ce passereau dans un futur proche. ![]() Carte de nidification de la Rousserolle verderolle Acrocephalus palustris en Île-de-France
(issue de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France, 2009-2014). Le saviez-vous ?Alors que la majorité des autres oiseaux peut imiter environ 70 chants, la Rousserolle verderolle possède un répertoire de 200 espèces ! En espagnol, on ne l’appelle pas pour rien la Rousserolle polyglotte (Carricero políglota). ![]() © Rousserolle verderolle - Aquarelle et crayon de Léa Schlemmer 1 M. Constantine, K. Mullarney, G. Lesaffre (2008), La voix des oiseaux : une nouvelle approche des cris et des chants. Delachaux et Niestlé, 192 p. et 2 CD. 2 N. Issa, Y. Muller (2015), Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Delachaux et Niestlé, 1408 p. BibliographieOuvrages
Sites internetArticle rédigé par Marie-Béatrice Billault |
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