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L'espèce du mois

L'anguille

Anguille, Anguilla anguilla. Famille des Anguillidae.

Eau et ères..

A partir du Dévonien (système géologique s'étendant de 408 à 355 millions d'années, suivi par le Carbonifère et précédé par le Silurien), les poissons devinrent une des formes de vie dominantes des milieux aquatiques. Ils ont donné naissance aux branches évolutives menant aux vertébrés terrestres comme les amphibiens, les reptiles, les oiseaux et les mammifères.

Un groupe qui compte !

D'eau douce ou salée, il n'y a donc aucune raison que les 27 300 espèces de poissons répertoriées à ce jour, ce qui en fait le plus important groupe de vertébrés, soient dédaignées par les naturalistes franciliens. Oui, aux poissons d'avril ! Et pour que la nouveauté soit plus accessible, l'espèce du mois est un poisson migrateur au corps serpentoïde : l'Anguille.

Anguille

Un petit serpent

La forme de ce poisson est très particulière. L'anguille est un poisson de 20 cm à 150 cm de long pour un poids adulte allant de 500 g à 4 kg ! Le corps allongé et cylindrique fait penser à un serpent. Le nom latin "anguilla" signifie d'ailleurs "petit serpent".
En eau douce, le ventre de l'Anguille est blanc à jaune. Le dos, relativement foncé, est brun-olive, mais il devient d'un gris-verdâtre argenté pendant sa période de migration. Les nageoires pelviennes sont absentes, les nageoires caudales, anale et dorsale sont soudées.
Sa peau épaisse, dans laquelle s'imbriquent de minuscules écailles ovales qui n'apparaissent qu'à l'âge de 4 à 5 ans, est essentielle pour la protection contre les lésions car elle passe son temps caché dans les obstacles, à l'abri de la lumière.
A sa partie externe, se trouve une couche épidermique contenant un grand nombre de cellules à mucus. Celui-ci sert de lubrifiant et permet au poisson de vaincre plus facilement sa résistance à l'eau.
Ne dédaignant même pas une écrevisse, quand elle se sent de taille à l'affronter, la mâchoire de l'Anguille est garnie d'un grand nombre de toutes petites dents.

Se faire du mauvais sang...

Le sang de l'Anguille contient une substance venimeuse qui agit sur le coeur et le système nerveux, mais cette toxine est détruite par la chaleur des opérations culinaires ! C'est une autre façon d'apprécier les poissons.

D'eau douce ou de mer ?

L'Anguille est un poisson aux comportements étonnants. Pour frayer (période de ponte des ovules directement dans l'eau, où ils sont fécondés par la laitance), il quitte les eaux douces européennes pour migrer dans les régions occidentales de l'Atlantique.
Plusieurs espèces de poissons connaissent bien ce parcours des eaux marines aux eaux douces, dans un sens comme dans l'autre : soit qu'elles aillent frayer dans les torrents de montagne, soit qu'elles se reproduisent en haute mer, comme c'est le cas de l'Anguille.

Certaines espèces de poissons sont de vrais sédentaires : les poissons passent toute leur existence dans la même partie du ruisseau ou de la rivière. C'est le cas du vairon et de la truite.
Toutefois, pour d'autres espèces, la migration fait partie de leur mode de vie. Les espèces migratrices se répartissent en deux groupes : les poissons qui migrent dans le sens du courant (les poissons catadromes) et ceux qui migrent à contre-courant (les poissons anadromes).
L'Anguille, qui fraie en mer, appartient au premier groupe, alors que les saumons par exemple sont des poissons anadromes.

Un développement en long et en larves...

En période de reproduction, les Anguilles adultes se rassemblent au nord-est des Antilles, dans la mer des Sargasses (région de l'océan Atlantique recouverte d'algues). Cette vaste zone, aux fosses profondes, est l'unique lieu de frai de l'espèce. Les Anguilles y pondent des oeufs par milliers avant de mourir.
A l'éclosion, de petites larves allongées de sept millimètres apparaissent : les leptocéphales. Ces larves vont s'engager dans un voyage de plus de trois ans pour traverser l'Atlantique. Elles prennent alors une allure ovale et mesurent jusqu'à soixante-quinze millimètres.
En s'approchant des côtes, dans les lagunes entre terre et mer, les larves subissent une certaine métamorphose : l'allure devient serpentiforme et la taille se réduit d'un demi-centimètre. Ce sont maintenant de jeunes anguilles appelées civelles.
Les civelles sont des habitantes remarquées des étangs saumâtres. Leurs populations sont parfois importantes. Il n'est par exemple pas rare de voir par endroits des "nids" de civelles frétiller au grand jour (malgré leurs moeurs plutôt nocturnes). L'abondance de ces civelles pèse lourd dans la balance alimentaire d'une lagune. La civelle est polyphage. Dans les eaux saumâtres, ses proies favorites sont des crustacés amphipodes, des crustacés isopodes, des larves de chironome et des polychètes.

Dans les eaux continentales

Les anguillettes vont remonter le cours de fleuves et des rivières pour se fixer sur des zones humides, où elles vont passer entre 3 et 20 ans avant d'atteindre l'âge adulte. C'est le moment où elles retourneront à l'océan pour se reproduire et mourir. Pendant le retour à la mer, leurs couleurs changent et le ventre peut alors prendre des reflets argentés.

Anguille  

Les dents de l'étang...

L'anguille est un poisson nocturne, qui passe le plus clair de ses journées cachée au fond de l'eau, dans du bois amoncelé, ou entre les pierres d'une berge creuse. Elle ne quittera son abri qu'à la tombée de la nuit pour partir se nourrir.
Principalement carnassière, sa croissance est lente et dépend largement de la richesse du milieu. Elle se nourrit de ce qu'elle trouve sur le fond de l'étang. En hiver, l'Anguille se déplacera vers des eaux plus profondes où elle hiberne sans se nourrir pendant plusieurs semaines.

De multiples dangers !

De nos jours, les mouvements des Anguilles se trouvent de plus en plus entravés par la pollution croissante des eaux et la construction de divers obstacles : barrages et digues. De nombreuses Anguilles périssent broyées par les turbines des centrales électriques, ce qui conduit les constructeurs à prévoir des ouvertures qui leur permettent de franchir le barrage, mais aussi des systèmes électriques qui les éloignent des turbines.