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Le Bruant jaune

Emberiza citrinella

 

 

Le Bruant jaune est un petit oiseau de la taille d’un gros moineau et, comme son nom l’indique, il se reconnaît à son plumage jaune vif. Cet oiseau timide a longtemps été très commun dans les champs, mais il est aujourd’hui en déclin.

  © G. Laulhe

© G. Laulhe / LPO-IDF

 

Ordre : Passeriformes
Famille : Emberizidés
Genre : Emberiza
Espèce : Emberiza citrinella

Un bruant des plus voyants

Le Bruant jaune mesure 16 à 17 cm de long : c’est plutôt grand pour un petit oiseau ! Il a une silhouette allongée, avec une longue queue échancrée. Son bec court et épais lui permet de manger des graines, surtout des céréales. Le mâle est très reconnaissable à sa couleur jaune, qui couvre sa tête et les parties inférieures de son corps. Sa poitrine et ses flancs sont striés de noir-roux et son dos est roux rayé de noir. En vol, son croupion d’un roux vif et les plumes externes blanches de sa queue sont très visibles. La femelle, comme souvent chez les oiseaux, est plus terne : elle doit être discrète pour couver ! Sa tête et les parties inférieures de son corps sont plutôt verdâtres, d’un jaune plus pâle et plus strié de bandes sombres.

© bruant jaune

Bruant jaune, mâle adulte, © dessin de François Desbordes

Le Bruant jaune peut surtout être confondu avec le Bruant zizi, très jaune lui aussi mais qui a la gorge noire et un gros sourcil noir en plumage nuptial. Les individus les plus ternes comme les femelles ou les mâles en dehors de la période de reproduction peuvent parfois être difficile à reconnaitre. Le critère le plus simple est le croupion roux du Bruant jaune alors qu’il est gris-olive chez le Bruant zizi. Les motifs de la tête sont également différents et globalement moins marqués chez le Bruant jaune.

© bruant jaune

Bruant jaune, © T. Riabi

Une vie bien remplie

Le Bruant jaune, comme beaucoup d’oiseaux, a deux modes de vie bien différents entre l’hiver et le printemps. En hiver, on le trouve en rase campagne, dans les champs, où il erre en bandes, parfois même mélangé à d’autres espèces d’oiseaux granivores. Il se nourrit au sol, surtout de graines de céréales, mais aussi de graminées, de renouées et de nombreuses plantes qui envahissent les cultures et les jachères. Il se nourrit également de baies et de jeunes pousses. Le Bruant jaune est très mobile pendant cette période.

A partir de fin février, il se prépare à se reproduire, la rase campagne ne lui convient plus. Il recherche des habitats ruraux bien diversifiés : des cultures, des prés, des haies, des buissons, souvent en bordures de forêt ou en bocages. Les mâles deviennent alors territoriaux, et chacun s’installe dans un territoire qu’il défend en chantant au sommet d’un arbre.

Séducteur d'abord mais père attentif ensuite

Les mâles commencent à chanter dès la fin du mois de février. Les femelles prennent plusieurs semaines pour choisir un compagnon, généralement en préférant les mâles d’un jaune plus éclatant. Parfois le mâle se laisse aller à une danse autour de la femelle, les ailes vibrantes, exhibant sa gorge jaune, son croupion roux, et ses plumes de queue blanches pour la séduire.

© bruant jaune

Bruant jaune © P. Richard

Généralement en avril, la femelle fabrique un nid dans les herbes ou près du sol protégé par de la végétation arbustive. Elle forme une structure de tiges, feuilles et herbes sèches, qu’elle complète par des crins, de la mousse et des herbes plus fines. Elle y pond environ quatre oeufs blancs avec des petites marques brunes, qu’elle couve dix à quinze jours, puis les deux parents nourrissent généralement les oisillons pendant encore dix à quinze jours. Au printemps, le régime alimentaire des bruants change : ils mangent toujours des graines, mais aussi des insectes, des araignées, des limaces, des vers de terre et invertébrés en tout genre. Les protéines fournies par ces proies leur permettent d’avoir plus d’énergie pour produire des oeufs, puis de nourrir les oisillons. Parfois, le mâle nourrit les oisillons seul, et la femelle commence à préparer un nid pour une autre couvée : les bruants jaunes peuvent élever une deuxième couvée, et parfois même trois ou quatre dans l’année.

Un migrateur partiel

Le Bruant jaune est un migrateur partiel : les individus nicheurs de nos régions tempérées sont globalement sédentaires avec des mouvements observés au cours de l’hiver au gré de la météo et de la nourriture. Les populations nichant dans le nord et le centre de l’Europe, où les hivers sont plus rigoureux, sont, au contraire, plutôt migratrices et gagnent notamment les plaines méditerranéennes et la vallée du Rhône.

© Bruant jaune

Bruant jaune © Dessin de Léa Schlemmer.

Effectifs et tendances dans le monde en France et en Île-de-France

Le Bruant jaune est une espèce à distribution plutôt septentrionale. Il niche dans la plupart des pays européens, entre la Norvège et le nord de l’Espagne et du Portugal. Vers l’Est, on le trouve jusqu’au Lac Baïkal en Sibérie. La population européenne est globalement en déclin. L’UICN lui a cependant attribué en 2016, le statut de « préoccupation mineure » (Least Concern) à l’échelle mondiale, les effectifs globaux restant importants, soit une estimation de 18 à 31 millions de couples (2014).

En France, en période de reproduction, il est présent presque partout, mais absent de Corse, de la vallée du Rhône et du bassin méditerranéen. Il est également plus rare en montagne, où il reste tout de même présent jusqu’à deux milles mètres d’altitude environ. On compte entre 500 000 et 1 000 000 de couples au niveau national (2012), mais l’espèce est en fort déclin soit 45% de baisse sur les dix dernières années d’après les chiffres du Suivi Temporel des Oiseaux Communs. Il est d’ailleurs classé « vulnérable » à l’échelle de la France. Oiseau des champs, son déclin semble dû à l’intensification des pratiques agricoles : la disparition des haies de bocage le prive de perchoirs pour chanter et d’abris pour les nids, et l’utilisation croissante d’insecticides le prive d’une source de nourriture indispensable pour ses oisillons. Cette situation illustre parfaitement celle des oiseaux des milieux agricoles qui ont globalement perdu 38% de leurs effectifs depuis 1989.

© Tendance bruant jaune

Tendances des populations d’oiseaux par milieux entre 1989 et 2018 issu des résultats du programme STOC

En Ile-de-France on compte 10 000 couples (2009-2014), et le Bruant jaune niche partout sauf dans Paris intra-muros et sa première couronne, fuyant ainsi les zones les plus urbanisées. Il y est parfois aperçu lors des migrations, mais un seul couple nicheur a été repéré, en 1918…

© Répartition

Carte de nidification du Bruant jaune Emberiza citrinella en Île-de-France (issue de l’Atlas des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France, 2009-2014).
En rouge les nicheurs certains, en orange les nicheurs probables et en jaune les nicheurs possibles. Les cercles concentriques donnent une idée des effectifs nicheurs par maille du quadrillage : de 1 à 10 couples pour les petits cercles, de 11 à 100 couples pour les cercles moyens, de 101 à 1000 pour les plus grands cercles, des losanges lorsqu’il n’y a pas eu de dénombrement.

Le saviez-vous ?

Le nom « bruant » vient du mot « bruire », faire du bruit : son chant répétitif et caractéristique (5-8 fois la même note puis deux notes plus longues et graves) sait se faire remarquer.

Ecouter le chant du Bruant jaune : http://www.lpo-idf.fr/Chant_Gobemouches_pies-grieches_bruants

Bibliographie

Ouvrages

  • CORIF, Atlas des oiseaux nicheurs d’Ile-de-France 2009-2014. Bruant jaune Emberiza citrinella, page 179. 203 pages.
  • Le Maréchal P., Laloi D. et Lesaffre G. (2013). Les oiseaux d’Île-de-France. Nidification, migration, hivernage. Bruant jaune Emberiza citrinella page 415. CORIF-Delachaux et Niestlé, Paris. 512 pages
  • N. Issa, Y. Muller (2015). Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale (Bruant jaune, Emberiza citrinella, page 1326). LPO / SEOF / MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris, 1408 pages.
  • Gariboldi, A. Ambrogio (2018). Le comportement des oiseaux d’Europe. Salamandre. 575 pages.
  • J. D. Hart, T. P. Milsom, G. Fisher, V. Wilkins, S. J. Moreby, A. W. A. Murray, P. A. Robertson (2006). The relationship between yellowhammer breeding performance, arthropod abundance and insecticide applications on arable farmland. Journal of Applied Ecology (43, 81-91), British Ecological Society.
  • J. Morin (2014). Guide des oiseaux des forêts et campagnes (Bruant jaune, page 58). Belin. 227 pages.
  • L. Svensson, K. Mullarney, D. Zetterström (2015). Le guide ornitho, Delachault et Niestlé. 446 pages.
  • P. Géroudet (1972). Les passereaux d’Europe, volume III : Des pouillots aux moineaux. « Bruant jaune » page 219. Delachaux et Niestlé, 287 pages.

Sites internet

Article de Pauline Smith