L'espèce du mois
![]() Grive mauvis, © Dessin de F. Desbordes Il n'y a pas de dimorphisme sexuel : le mâle et la femelle sont similaires. Le juvénile a des taches blanches sur le dos, et le roux sous leurs ailes est plus discret. ![]() Grive mauvis, © D. Morice Qu'est-ce qu'un passériforme ?Ce taxon, plus communément appelé "passereaux", est devenu un terme très général, mais quelles sont les caractéristiques de ces oiseaux ? Les passériformes regroupent plus de 6000 espèces, comme la Mésange charbonnière, le Merle noir, le Grand corbeau, le Moineau domestique … Ce groupe possède quelques caractères dérivés propres. Par exemple : Ces oiseaux ont un organe vocal très développé que l’on appelle syrinx. Il leur permet notamment de produire simultanément plusieurs sons à la fois, et donc, des chants très variés. Aussi, leurs tendons plantaires leur permettent de fléchir chacun de leurs orteils indépendamment. Au menu du jourBien que cette grive ait un penchant pour les bouleaux, son habitat est très varié et dépend des saisons : en été, elle nichera plutôt dans les plaines arborées, les plateaux arctiques et subarctiques. On la trouvera aussi près des rivières, ou elle pourra se nourrir d'escargots, de limaces, de vers de terre, ou d'insectes. En hiver, les habitats sont variés et dépendent surtout de la disponibilité en nourriture : elle fréquentera les haies, les plaines, les bocages, les vergers entre autres, et grignotera plutôt des baies et graines d'aubépine, de lierre, de cornouiller ou de houx, ainsi que des pommes, cerises, ou groseilles. Elle peut ajouter à son menu quelques invertébrés comme des vers, des mollusques ou des arthropodes. ![]() Alimentation de la Grive mauvis en fonction des saisons, Manon Bonvarlet La maison des oisillonsLa Grive mauvis est une espèce monogame, et atteint sa maturité sexuelle vers l’âge de 1 an. Entre mai et mi-juillet, la femelle cherchera le meilleur endroit possible pour la construction de son nid. Elle choisira un arbre (dans 35% des cas), mais pourra aussi déposer ses oeufs au sol (dans 28% des cas) comme dans les zones de l'extrême Nord, ou les arbres sont rares. Le site de ponte peut aussi se faire dans des souches, buissons, ou haies. La femelle ira chercher de l'herbe, de la mousse, et des racines pour créer le cocon familial. Afin de fixer correctement leur nid, elle utilisera de la boue en guise de ciment. Une fois bien installée, elle pourra enfin pondre 4 à 6 oeufs d'une vingtaine de millimètres, bleutés, avec quelques taches rousses. Après environ 12 jours d'incubation, les oisillons perceront leur coquille grâce à leur bec. Ils seront nourris par les deux parents, et s'envoleront au bout de 14 jours. La femelle couvera rapidement la deuxième ponte, afin d'augmenter le taux de survie de l'espèce, car les corneilles peuvent détruire les nids (la mortalité totale annuelle est estimée à 54% en Finlande.) Changement de capLa Grive mauvis niche principalement en Islande, Scandinavie, Russie, dans les états baltiques. Elle migre de façon progressive, en traversant l'Europe, de nuit, et en bande. Elle vient passer l’hiver en France, en Espagne et au Royaume-Uni principalement. Pour consulter la carte de répartition européenne de la Grive mauvis : http://www.observatoiremigrateurs.com/grive-mauvis/ ![]() Grive mauvis, © Dessin de L. Schlemmer Un oiseau sociableCette espèce passe la matinée à chercher de la nourriture, en groupe, avec d'autres d'oiseaux, comme la Grive litorne par exemple, ou seule. En fin de journée, des groupes d'une vingtaine d'individus se forment, et retournent au dortoir. En cas de danger, le groupe se déplace à quelques mètres, puis revient rapidement où il était, dès qu'il le peut. Une colonie peut dégarnir de ses fruits un houx entier en quelques heures ! ![]() Grive mauvis, © L. Epelboin Parlons chiffres !En Europe La population mondiale estimée entre 65 et 130 millions de couples a subit un déclin de 25% entre 1980 et 2012 (Atlas des oiseaux de France métropolitaine, 2014). Le statut de conservation UICN de l’espèce au niveau mondial est « Quasi-menacée » (NT) : c’est-à-dire proche du seuil des espèces menacées ou qui pourrait être menacée si des mesures de conservation spécifiques n’étaient pas prises. Dans les années 80-90, la population diminue en Suède, Pologne, Royaume uni et Finlande. Les changements climatiques et les conditions de vie affectent le taux de mortalité, notamment estimé à plus de 50% en Finlande. Les effectifs augmentent cependant en Norvège et en Estonie. La Russie est le pays qui accueille le plus de Grive mauvis, avec environ 12 millions de couples présents. En France Selon l’Atlas des oiseaux de France métropolitaine, entre 500 000 et 1 million de grives mauvis viennent passer l'hiver en France. Le statut de conservation UICN de l’espèce au niveau national est « préoccupation mineure » (LC), c’est-à-dire pour laquelle le risque de disparition est faible. Les effectifs sont soumis à de fortes variations d’années en années, cet oiseau n’étant pas fidèle à ses sites d’hivernage. Des mouvements importants sont observés en cas de vague de froid. Malgré tout, la population hivernale semble en déclin au niveau national chutant de près de 45% sur la période 2000-2014 (Atlas des oiseaux de France métropolitaine, 2014). L’épandage des pesticides et les changements climatiques seraient en cause. La chasse fait aussi partie des facteurs non négligeables de la diminution de la Grive mauvis. Entre 1998 et 1999, on obtient le chiffre de 4 537 960 de grives (mauvis, musicienne, litorne et draine) tuées, d'après les tableaux de chasse nationaux, essentiellement répartis en Provence et dans le Sud-Ouest (Atlas des oiseaux de France métropolitaine, 2014). Serge Chaleil, naturaliste et chargé de mission au Parc Naturel Régional du Livradois-Forez, explique les problèmes écologiques lors d'une entrevue. Une des principales causes de déclin des oiseaux concerne les pesticides : la Grive mauvis revient dans les champs de France en hiver pour se nourrir de graines. Celles-ci contiennent des désherbants et autres produits toxiques, et les grives meurent empoisonnées. Depuis 2016, les oiseaux migrateurs tels que la Grive mauvis, ou sa cousine la Grive litorne, sont de moins en moins de passage dans les régions de France. En Île de France En Ile-de-France, la Grive mauvis est essentiellement migratrice et hivernante peu commune. En hiver et en période migratoire, elle est facilement observable dans les jardins, les parcs ou les champs. L’espèce hiverne très régulièrement dans les bois de Vincennes et Boulogne entre autres. ![]() Carte de présence de la Grive mauvis en Île-de-France– hiver 2018/2019 © Faune Île-de-France Le saviez-vous ?Il existe en réalité deux sous-espèces de Grive mauvis : Turdus iliacus iliacus et T. i. coburni. Afin de les distinguer, voici un tableau comparatif des deux sous-espèces :
Tableau comparatif des deux sous-espèces de Grive mauvis, T.i.iliacus, et T.i.coburni, © Manon Bonvarlet Contrairement à l’Homme, la Grive mauvis aime les fruits très mûrs, voire pourris ! Une pomme abîmée contiendra autant de vitamines et de nutriments qu’une pomme fraiche, et sera parfois véreuse. En hiver, cela peut être un élément de survie non négligeable pour un oiseau. BibliographieOuvrages
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Article de Manon Bonvarlet |
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