L'espèce du mois
Un chanteur hors pairBien discret…sauf quand il chanteA peine plus gros que le Rouge-gorge avec ses 16 cm queue comprise et ses 23 grammes, le rossignol philomèle est un passereau d’aspect plutôt terne avec un dos brun-roux, un ventre gris et des rectrices rousses. Il est doté de longues pattes rosées et d’un long bec brun foncé. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. Les jeunes ont un plumage tacheté rappelant les couleurs de l’adulte notamment sur les rectrices. Ils pourraient être confondus avec de jeunes Rougequeue, mais s’en distinguent par leur comportement discret à ras de terre. Cet oiseau a une longévité de six ans. ![]() Rossignol philomèle © F. Lelievre / LPO-IDF Les mélodies complexes et variées jouées à pleine gorge par le Rossignol philomèle jusqu’en pleine nuit, en ont fait une star incontestée, ses cris d’alerte aux environs du nid (sifflements et roulements) sont moins spectaculaires. Son nom Megarhynchos provient de la taille de son bec car rhynkhos veut dire bec en Grec, ceci afin de le distinguer de son cousin Rossignol « progné » (Luscinia luscinia). Ecologie de l’espèceSon royaume ? buissons et feuilles mortesLe Rossignol philomèle se retrouve en Europe occidentale moyenne et méridionale et au Maghreb, partout sauf en montagne (sa limite est de 800 à 1000 m) ; son cousin le Rossignol progné (Luscinia luscinia) se réservant la partie orientale du continent. Pour son habitat, il affectionne les buissons épais et denses, les haies, les garrigues, même les taillis de chênes verts méditerranéens, et la proximité des cours d’eau ou des canaux ; il niche près du sol jonché de débris de feuilles, où il trouve le gîte et le couvert qui lui convient. Il préfère les sols à humus riche et pas trop froids, et si on ne le trouve pas souvent en ville, c’est parce qu’il peine à y trouver des buissons adéquats. Ainsi, il se laisse oublier jusqu’à la brune (1) : c’est à ce moment qu’il aime entreprendre ses explorations, ne volant jamais très haut ni très loin, mais le mâle poussant son chant jusqu’au milieu de la nuit, bien caché dans un buisson, à moins de deux mètres du sol. ![]() Rossignol philomèle © L. Epelboin / LPO-IDF Son menu se compose de petits invertébrés trouvés au sol sous le couvert de feuilles mortes : coléoptères, chenilles, diptères, fourmis et même quelques vers de terre, araignées ou mollusques. En été, jusqu’à la migration, il ajoute en dessert un assortiment de baies, notamment du sureau. (1) la brune: le crépuscule en vieux français! Camouflage de rigueur, même pour les œufs !Dès son retour de migration, le mâle défend son territoire, dont la taille dépend de la richesse de la couverture végétale : de 0,5 ha si cette couverture est dense, à 3 ha si elle est plus espacée. Lorsqu’une femelle le rejoint, attirée par la beauté de son chant, c’est elle qui, assez bas dans un buisson ou à même le sol, construit un nid volumineux en forme de coupe - l’extérieur de celui-ci est constitué de feuilles et d’herbes caractéristiques de l’espèce, et l’intérieur d’herbes et de crins. La ponte, constituée en moyenne de cinq œufs bleu clair, bleu vert, vert olive ou brun sombre et tachetés de brun (1), a lieu en mai et l’éclosion 13 à 14 jours plus tard; les deux parents nourrissent leurs petits. Durant cette période, le mâle reste silencieux. Les oisillons ne restent pas longtemps au nid mais sont encore nourris deux à trois semaines après leurs premières explorations hors du nid. Une seconde ponte est fréquente en Europe méridionale. ![]() Oeufs de Luscinia megarhynchos (Muséum de Toulouse) Photo Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=29751589 L’hiver sous les tropiquesSon comportement casanier chez nous ne l’empêche pas d’aller chercher très loin des hivers plus doux : cet oiseau passe ses hivers en Afrique tropicale, entre le Sahara et l'Équateur. Les départs pour la migration postnuptiale ont lieu de nuit; ils s’échelonnent de la fin août au début d’octobre, et les retours s’observent de mars à avril, un peu plus tôt en Europe méridionale. Il semblerait que le réchauffement climatique ait pour effet d’élargir son périmètre de nidification par exemple en Grande-Bretagne. Effectifs, tendances et statut :Monde (IUCN monde)Le statut de cette espèce à l’échelle mondiale est « préoccupation mineure » (LC). ![]() Présence mondiale (source GBIF) En France (IUCN)En France l’espèce est protégée depuis 1981. Elle est cependant très largement répandue sauf en montagne, et pas plus abondante dans les espaces protégés : sa population d’environ 4,2 millions de couples fluctue à la hausse ou à la baisse d’une année à l’autre, peut-être en déclin vers le nord. Disparue au début du XXe siècle de Bretagne et de Normandie, la population a tendance à se reconstituer. Il est clair que la disparition des haies et buissons due à l’agriculture intensive était un facteur défavorable, la revalorisation de ces habitats aura un effet positif sur le Rossignol philomèle comme sur beaucoup d’autres espèces. En revanche, cette espèce ne semble pas outre mesure être dérangée par la présence d’êtres humains. Par exemple, à Marseille, s’il n’est pas présent en centre-ville, il est abondant dans les zones buissonneuses en limite des secteurs urbanisés. ![]() Présence en France (source SINP) En Ile-de-FranceC’est une espèce rarement observée sur le territoire du Grand Paris : quatre secteurs lui attribuent le qualificatif de « nicheur probable », dans l’est et le sud-est du Grand Paris…On l’entend à proximité du Canal de l’Ourcq avant qu’il n’entre dans le Grand Paris, il peut aussi fréquenter les bois parisiens lors de ses haltes migratoires. La population pourrait être d’une vingtaine de couples et aurait tendance à décliner, au contraire de la population régionale d’Ile de France. Elle semble stable dans d’autres grandes villes européennes comme Hambourg ou Berlin. ![]() Répartition sur le Grand Paris (Atlas des Oiseaux Nicheurs du Grand Paris 2020) Le saviez-vous ?Le Rossignol Philomèle a changé de famille : il était précédemment assigné à la famille des Turdidés, et désormais fait partie de la famille des Gobe-mouches : les Muscicapidae. Un poète napolitain de la fin du XVIe siècle, Giambattista Marino, connu chez nous du nom de Cavalier Marin, décrivait son chant avec ces mots : « en mille formes son chant se divise et transforme une langue en mille langues » ! BibliographieOuvrages
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Article de Christiane DEH |
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