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Le Grimpereau des jardins

Certhia brachydactyla

 

 

Petit oiseau discret qui semble imiter les pics mais qui n’a pourtant rien à voir avec eux.

  © Zoropse

© A. Peresse / LPO-IDF

 

Ordre : Passériformes
Famille : Certhiidés
Genre : Certhia
Espèce : Certhia brachydactyla

Deux cousins presque “jumeaux”

Le Grimpereau des jardins, petit passereau arboricole délicat, mesure de 12 à 13 cm de longueur, soit une taille entre celles de la mésange bleue et de la mésange charbonnière, pour un poids de 8 à 12 g. D’un brun terne sur le dessus, il se fond dans l’écorce des arbres sur laquelle il se déplace par petits bonds saccadés avec l’agilité d’un pic, en utilisant comme lui sa queue comme stabilisateur.

Le Grimpereau des bois lui est pratiquement semblable et il est très difficile de discerner les deux espèces in situ. Toutes deux sont pourtant bien distinctes et ont perdu toute interfécondité depuis qu’une période de glaciation du Quaternaire a séparé géographiquement les populations issues d’un ancêtre commun.

Dans le détail, si le Grimpereau des jardins présente des flancs d’un brun fauve ou chamois, le Grimpereau des bois offre, quant à lui, des flancs tirant davantage sur le blanc. Deux autres différences morphologiques, encore plus subtiles, peuvent être relevées : le Grimpereau des jardins possède un bec légèrement plus long et un ongle supérieur plus court que le Grimpereau des bois. Certes ces distinctions, ainsi que la couleur des rémiges, pourraient permettre d’établir une comparaison sur photos. Mais dans la nature, le chant sera finalement le meilleur critère de distinction, en complément des différences d’habitats, sachant qu’en Ile-de-France, le Grimpereau des bois est beaucoup plus rare et même absent en milieu péri-urbain.

Grimpereau des jardins

Grimpereau des jardins © A. Peresse / LPO-IDF

  Grimpereau des bois

Grimpereau des bois © A. Peresse / LPO-IDF

Discret, mais chanteur tout de même !

Ce petit oiseau timide se fait généralement entendre avant de se laisser voir et sa courte ritournelle caractéristique, lancée à intervalles réguliers, peut retentir dès les premières lueurs de l’aube parmi le chant fluide des rouges-gorges et celui plus puissant des merles. Il chante de mi-janvier jusqu’à juin, avec parfois une reprise en septembre et octobre. Sa phrase est brève et énergique, d’une voix aiguë qui semble poser une question et s’achevant par une note montante. Ce chant qui paraît répétitif, a néanmoins le mérite d’être facilement identifiable et de le distinguer sans ambiguïté du Grimpereau des bois qui a le même timbre de voix sans avoir cette petite mélodie chantante. Les cris du Grimpereau du jardin sont par ailleurs des séquences détachées de son chant, des notes scandées par deux ou trois qui semblent comme un échauffement pour la phrase entière qui ne tarde généralement guère à suivre.

  Grimpereau des jardins

Grimpereau des jardins © A. Peresse / LPO-IDF

Un oiseau qui vient des bois

Le Grimpereau des jardins est à l’origine un oiseau forestier qui affectionne les feuillus de basse altitude, particulièrement la futaie clairsemée ou la chênaie, ne dédaignant pas non plus les formations boisées au bord des eaux, pourvu qu’il y ait de vieux arbres. En France, il monte jusqu'à la limite inférieure des conifères au-delà de laquelle il cède la place au Grimpereau des bois. Cette espèce s’est par ailleurs parfaitement adaptée aux activités humaines, notamment en Ile-de-France, et a su trouver au sein des parcs, même urbains, des jardins ou de tout espace vert arboré, des habitats où elle s’est implantée de façon pérenne et sédentaire.

Un insectivore au bec sur mesure

Les Grimpereaux inspectent minutieusement l'écorce et les épiphytes (végétaux se développant sur d’autres végétaux, mais sans en être parasites) pour y dénicher des invertébrés, insectes ou araignées ainsi que leurs œufs, leurs larves ou leurs chrysalides.

Toutefois, leur bec qui est fin et arqué, ne saurait tambouriner les troncs comme la plupart des pics, mais est tout spéciale- ment conçu pour s'insinuer dans les interstices pour y dénicher les proies.

  Grimpereau des jardins

Grimpereau des jardins © A. Dusard / LPO-IDF

Des prédateurs omniprésents

Les corvidés (pies, corneilles et geais des chênes), ou certains rapaces pour les milieux plus naturels (buses ou éperviers), sont ses principaux prédateurs. Très occasionnellement les écureuils peuvent menacer les couvées du Grimpereau.

Le mâle propose plusieurs nids, la femelle choisit celui qu’elle aménagera à sa guise.

La saison de reproduction s'étend de mars à juillet avec bien sûr un décalage en fonction de la latitude et de l'altitude. Il n’attend pas le printemps pour chercher une partenaire et dès la seconde moitié de l’hiver, les couples se forment et établissent leur territoire.

Grimpereau des jardins

Grimpereau des jardins © F. Gonod / LPO-IDF

Il se reproduit d'avril à juin et peut devenir occasionnellement polygame. Pour bâtir un nid, le Grimpereau fait preuve d’opportunisme. Il profite en effet d’une écorce soulevée ou de toute anfractuosité, fente ou crevasse dans un tronc ou une branche, voire un surplomb créé par un lierre grimpant. Il veille à choisir un emplacement à l’abri des animaux terrestres, sans être non plus dans la frondaison, généralement à une hauteur entre 4 et 10 mètres.

Ainsi, le mâle construit plusieurs ébauches de nid afin que la femelle fasse son choix et procède à l’aménagement du gîte en l’agrémentant de brindilles, herbes, mousses, lichens ou tout objet disparate issu du voisinage avec l’homme (bouts de chiffon ou de papier, etc). L’ouvrage achevé, la femelle pond 5 à 7 œufs blancs tachetés de brun rouge qu'elle couvera seule une quinzaine de jours.

Grimpereau des jardins

Grimpereau des jardins © J. Lejeune / LPO-IDF

Les jeunes sont nourris au nid par les deux adultes une quinzaine de jours supplémentaires avant de quitter le nid, mais restent quelque temps encore entourés de l’attention des parents. Une seconde nichée peut suivre, alors même que la première génération est encore sous la coupe des adultes. Dans ce cas, le mâle finira l'élevage des jeunes tandis que la femelle se mettra en tâche de préparer la seconde couvée dans un autre nid.

Grimpereau des jardins

Grimpereau des jardins © F. Gonod / LPO-IDF

Toujours de bas en haut, et en spirale

Les Grimpereaux sont des oiseaux furtifs et agiles sans cesse en mouvement qui gravissent les troncs d’arbre dont ils explorent la circonférence en spirale lors d’une ascension constante vers le sommet, et ce contrairement aux Sittelles qui peuvent tout aussi bien monter que descendre le long des troncs, la tête indifféremment vers le haut ou le bas. Après avoir exploré minutieusement un tronc, le Grimpereau vole jusqu’à la base d’un arbre proche et ainsi de suite inlassablement dès l’aube.

Toutefois, lorsqu’un prédateur est perçu, le Grimpereau se tient immobile, collé contre le tronc pour tirer profit du camouflage de sa livrée.

Effectifs, tendances et statut, Migration-phénologie

Cet oiseau est sédentaire en Ile-de-France et dans toute son aire de répartition.

L’espèce est classée LC sur la liste rouge de l’UICN (préoccupation mineure, risque de disparition faible) mais la plus grande menace qui pèse sur les populations est liée à leur dépendance au « gros bois » ou vieux arbres, nécessaires à leur nidification, ce qui s’avère souvent incompatible avec une sylviculture intensive. De plus, leur spécialisation alimentaire, exclusivement liée aux troncs les force à prospecter inlassablement d’un arbre à l’autre sur de vastes territoires, particularité qui les rend sensibles à la déforestation.

Grimpereau des jardins

Répartition mondiale du Grimpereau des jardins I.N.P.N. (source GBIF)

La population mondiale est estimée entre 11 et 19 millions d’adultes (source UICN).

Sachant que 90 % de la population est située en Europe, la population européenne était estimée, en 2015, entre 10 et 17,4 millions, ce qui représentait une légère hausse sur les vingt années précédentes.

En France, la population de Grimpereaux des jardins, répandue sur l’ensemble du territoire, est stable et comprise entre 2 et 3,6 millions d’adultes (source I.N.P.N.).

Le saviez-vous ?

La similitude évidente avec la famille des Pics est un cas d’homoplasie, c’est-à-dire une convergence évolutive au sein d’un même environnement mais sans l’héritage d’un ancêtre commun. Les Picidés et les Grimpereaux sont en effet parvenus, indépendamment et même si leurs morphologies sont différentes, à un résultat analogue d’adaptation dans leur quête alimentaire, en l’occurrence un mode de déplacement similaire, le long des troncs à la recherche d’aliments dissimulés dans l’écorce.

Bibliographie

Sites proposant un article sur le Grimpereau des jardins (liste non exhaustive) :

  • I.N.P.N. (Inventaire National du Patrimoine Naturel)
  • Oiseaux.net
  • Instinct Animal
  • eBird.org
  • Louernos Natur
Liens pour écoutes de chants

Article rédigé par Paul Lautier