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La Grive musicienne

Turdus philomelo

 

 

Je suis la bien nommée, mais j’avoue que grive diva m’aurait également fort convenu, tant je semble prendre plaisir à m’écouter chanter entre chaque tirade.

  Loriot

Grive musicienne © A. Peresse / LPO-IDF

 

Ordre : Passériformes
Famille : Turdidae
Genre : Turdus
Espèce : Turdus philomelo

Risque de confusion à la vue, mais aucun doute par le chant

La silhouette de la Grive musicienne est celle d’un Merle, mais en légèrement réduit. A contre-jour, on pourrait facilement la confondre avec la femelle du Merle noir. Pourtant, lorsqu’on a le loisir de l’observer dans toute la plénitude de sa livrée, celle-ci apparaît marron sur la partie supérieure et blanc-beige sur la partie inférieure, avec des taches foncées sur la poitrine et le ventre. Les jeunes sont plus roux que les adultes et ont le dessus tacheté de jaune et de brun. Aucun dimorphisme sexuel, les deux sexes sont identiques.

Pour la distinguer des autres grives, hormis son habitat, sa distribution géographique et surtout son chant, il « suffirait » de distinguer le dessous de l’aile en vol. En effet, dans le cas de notre Grive musicienne, cette zone est orangée ; alors que pour la Grive mauvis, elle est rouge, tandis que pour les Grives draine et litorne, la zone est blanche.

La longueur de la Grive musicienne est de 22 cm pour une envergure comprise entre 33 et 36 cm et une masse allant de 65 à 90 g. Si son espérance de vie est en moyenne de 10 ans, elle peut exceptionnellement atteindre 14 ans.

grive musicienne

Grive musicienne © L. Didion / LPO-IDF

Des plats des plus variés

La Grive musicienne, toujours sur le qui-vive, prospecte le sol à la recherche de proies appétissantes tels que vers, limaces, chenilles ou escargots, régime de choix qu’elle agrémente toutefois de baies ou d’autres fruits.

En famille nucléaire, sauf si les cousines viennent partager leurs quartiers d’hiver

Plutôt solitaire et discrète en général, la Grive musicienne se rencontre dans les sous-bois, les grands jardins ou les parcs urbains où elle affectionne les bosquets et les haies. Craintive, elle se tient le plus souvent dissimulée et se déplace furtivement en volant au ras du sol, sur de courtes distances, pour passer d’un abri à un autre. Elle vit le plus souvent seule ou en couple, sauf durant l'hiver pendant lequel elle s’associe volontiers à des bandes de Grives mauvis.

Des mâles précurseurs pour préparer les quartiers d’été

La Grive musicienne est une migratrice partielle. En effet, certaines populations d'Europe occidentale sont sédentaires, ne se déplaçant que si elles y sont contraintes par de longues périodes de gel et d'enneigement. Dans ce dernier cas, les individus passent leurs quartiers d’automne et d’hiver en Afrique du Nord ou en Europe tempérée (méridionale ou occidentale), la France notamment accueillant à cette occasion des populations d’Europe du Nord.

Au printemps, les mâles sont les premiers à faire le chemin du retour, généralement en vol nocturne. Ils s’établissent ainsi sur un territoire qui deviendra celui de la famille à fonder. En effet, les femelles qui suivent quelques jours plus tard, choisiront les mâles et leur terrain. Les couples ainsi fondés bâtiront, en avril, leur nid, généralement dans un buisson, du lierre, à une hauteur variant entre un et quatre mètres.

grive musicienne

Grive musicienne © F. Gonod / LPO-IDF

Un nid sommaire mais douillet

Le fond du nid est lisse, recouvert d'un torchis séché constitué d'argile, de boue, de limon et de salive, mais la structure est matelassée de tiges, d'herbe, de mousse et de brindilles entrelacées ou de tout type de matériau à disposition. La femelle y pondra 3 à 6 œufs bleutés, parsemés parfois de taches sombres. Elle les couvera durant 12 à 14 jours. Si les parents ne peuvent guère élever plus de trois jeunes par couvée, le couple peut cependant faire 2 ou 3 nichées annuelles.

Les oisillons, nidicoles, sont nourris au nid par les parents pendant deux semaines. Puis, partageant d’ailleurs cette habitude déconcertante avec les merles, ils descendront à terre avant de bien savoir voler, tandis que les parents continueront à les alimenter durant deux à trois semaines supplémentaires.

Il est important de signaler à ce sujet que des promeneurs, même bien intentionnés, pourraient penser bien faire en capturant et en prenant en charge ces petits paraissant tombés du nid alors que cela n’est pas nécessaire, sauf danger imminent. Chaque année, les centres de soins pour la faune sauvage recueillent de nombreux jeunes oiseaux de la famille des turdidés (merles, grives) en bonne santé du fait d'erreurs de jugement de la part de promeneurs voulant bien faire mais n’étant pas informés de ce problème.

Haut perchée pour mieux se faire entendre

Le chant puissant et paraissant composé d’éléments improvisés de la Grive musicienne est son créneau distinctif. Toute strophe débute par un motif clairement sifflé, répété deux à quatre fois avant d’être suivi d’autres motifs variés mais également sujets à répétition qu’elle espace par de très courtes pauses comme pour mieux s’écouter et qui se termine par une phrase moins sonore. Ce rythme très singulier est bien utile pour identifier notre diva qui, dotée par ailleurs de réels talents d’imitatrice, nous induirait autrement à confondre son répertoire avec celui d'autres espèces chanteuses.

Ce chant, entonné très tôt le matin et jusqu’à tard le soir alors que l’oiseau se tient souvent perché au plus haut de la cime d’un arbre, peut ainsi facilement porter à près d’un kilomètre à la ronde. La Grive musicienne est également précoce dans la saison, pressée d’entamer la période de chant dès fin février. Cette activité sonore décline en juin et s’achève en juillet, bien que dans les régions où la population se permet d’être sédentaire, le chant peut toutefois resurgir timidement en décembre et en janvier.

grive musicienne

Grive musicienne © A. Bloquet / LPO-IDF

Répartition
grive musicienne

Répartition mondiale de la Grive musicienne (d’après l’U.I.C.N)
Marron foncé : population sédentaire (Europe occidentale, Balkans, Nord de la Turquie, pourtour Sud de la Mer Caspienne)
Marron clair : population migratrice (Europe septentrionale et orientale, Europe méridionale, Afrique du Nord, Proche et Moyen-Orient)

Largement répandue en Europe, du Nord de la péninsule scandinave au pourtour méditerranéen, on la rencontre également au Maghreb, de l’Anatolie au Moyen-Orient, autour de la Mer rouge et du Golfe persique (essentiellement en Iran). Des introductions ont donné lieu à des implantations en Nouvelle-Zélande et en Australie, tandis que des observations marginales ont même pu être relevées en Afrique Sub-saharienne, au Japon, voire en Amérique du Nord.

Bien qu’elle ne soit pas protégée et qu’elle soit parfois intensément chassée, notamment dans les pays méditerranéens, la population mondiale semble s’être renforcée entre 1980 et 2013 selon Birdlife et son statut de conservation est classé préoccupation mineure, aussi bien en Europe qu’au niveau global (de 75 millions à 120 millions d’adultes matures estimés en 2015, dont 65 % en Europe).

Le saviez-vous ?

Friande d'escargots, la Grive musicienne a pour habitude de se servir d'une pierre comme d’une enclume afin d'y casser leur coquille, étonnant cas d’utilisation d’un outil par un oiseau qui est propre à notre musicienne et n'est aucunement partagé par les autres espèces de grives, mais commun en revanche avec le Vautour percnoptère, célèbre briseur d’œufs d’autruche, alors que l’usage des outils est évidemment plus fréquent chez les primates.

grive musicienne

Grive musicienne © D. Stefanescu / LPO-IDF

Liens pour écoute du chant

Article rédigé par Paul Lautier