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L'espèce du mois

La Foulque macroule

Quel est ce gros oiseau bossu avec des pattes d’alien ? Tout noir, un front blanc… plouf !

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L'espèce du mois

Le Pic noir

Le Pic noir, Dryocopus martius. Famille des picidae.

En rouge en noir…

Avec une longueur totale d'environ 45 à 48 cm (la taille d'une corneille) et une envergure de 70 à 75 cm, c'est le plus grand de nos pics.

Les deux sexes sont noirs et possèdent un bec blanc, grisâtre à la pointe. Les pattes sont grisâtres et l'iris blanc jaunâtre. Pour distinguer les deux partenaires du couple, il faut regarder leur tête. Le mâle possède une calotte rouge, du bec à la nuque, tandis que la femelle se contente d'une tâche rouge à la nuque. Les jeunes sont plus bruns, avec un bec jaunâtre et un iris gris-bleu.

Pic noir   Pic noir

Le mâle
Photo © P Niogret / Corif

 

La femelle
Photo © A Bloquet / Corif

Un gars de l'est, de plus en plus à l'ouest

Dans les années 1930, le Pic noir ne nichait qu'en montagne, dans les Vosges, le Jura, les Alpes, les Pyrénées et une partie du Massif Central. A partir des années 1950, l'espèce a entrepris une expansion vers l'ouest et les forêts de plaine. On le trouve dans le Nord et la Picardie dès 1965, la Seine-Maritime en 1978, la Vienne en 1979, la Loire Atlantique en 1975, l'Ille-et-Vilaine en 1985, le Morbihan en 1987 et les Côtes d'Armor en 1990. Des oiseaux ont même été observés en Corse en 1956 et 1977 (THIBAULT, 1983 in CUISIN, 1994).

En Île-de-France, il a fallu attendre 1936 pour apercevoir le premier individu, à Corbeil dans l'Essonne (NORMAND et LESAFFRE, 1977). Son installation chez nous débute dans les années 1960, dans les forêts de l'Est et du Nord de la région (ex. Hez-Froidmont dans l'Oise en 1960 ou Fontainebleau en 1963). En 1992, il est noté à l'extrême ouest de l'Île-de-France, en forêt de Rosny (LEMARECHAL et LESAFFRE, 2000). On en comptait au moins 200 couples en 1995.

Une fois installés, les adultes sont sédentaires.

© Pierre DEOM - La Hulotte n°83 (www.lahulotte.fr)

Dis moi comment tu cries, je te dirai ce que tu fais

Les émissions vocales du Pic noir sont variées et "trahissent" généralement son activité. Ainsi, lorsque l'oiseau survole son territoire (25 à 40 ha autour du nid), il lance souvent un "Krukrukru" grave et traînant, parfois suivi, lorsqu'il se pose, d'un long "Klieuuub" dont la seconde syllabe s'étire.


(Source : CD Écouter pour voir les oiseaux. © 2007. CORIF/NATUROPHONIA)

Son chant est un "Kouikkouikkouikkouik" en succession ascendante, s'accélérant à la fin. Il est émis par le mâle aussi bien que par la femelle.
Un cri double "Klicka", bref et dur, marque une vive alarme, ou bien la crainte et l'embarras. Plus rarement, il est possible d'entendre un "Rurr Rurr" peu sonore, plus ou moins menaçant, lorsque les oiseaux sont très proches l'un de l'autre.
Il existe aussi un "Kyak" (ou cris de choucas), que certains interprètent comme un avertissement ou une menace.


(Source : CD Écouter pour voir les oiseaux. © 2008. CORIF/NATUROPHONIA)

Le tambour, quant à lui, est puissant, et porte à près d'un kilomètre. Sa durée excède deux secondes et peut même atteindre 3 secondes et demi. Il a lieu surtout de février à mai, et parfois en septembre et octobre.

Je t'aime, moi non plus

Malgré son peu de goût pour les petits "tête-à-tête" en amoureux, dès janvier, le Pic noir doit se résigner à abandonner son existence hivernale de solitaire pour former un couple. L'aventure peut lui prendre jusqu'à 12 semaines et les rencontres sont précédées de chants, de vols excités et de tambours. En mars, le forage de la cavité débute, en collaboration entre les deux partenaires. Il leur faudra entre 10 et 25 jours pour achever le travail.

Pic noir

A deux, le travail va plus vite… mais attention aux embouteillages !
Photo © J Hénon / Corif

La loge est creusée à une hauteur de 7 à 12 mètres au-dessus du sol, dans un arbre (sain ou malade) d'au moins 45 à 50 centimètres de diamètre.

Pic noir

Un mâle vérifiant la hauteur de la loge…
Photo © J Hénon / Corif

Pic noir

…vite rassuré par la femelle
Photo © A Bloquet / Corif

Il s'agissait initialement de résineux (pins et sapins), mais, depuis qu'il fréquente les plaines, il a su s'adapter. Désormais les peupliers, les hêtres ou les platanes (et même les chênes) sont utilisés. Le tronc ne doit porter aucune branche sur les 5 à 20 premiers mètres et ne doit être escaladé par aucune plante grimpante.

Pic noir

Femelle posée devant la loge, creusée dans un platane
Photo © JJ Boujot / Corif

Pic noir

Femelle posée sur un chêne
Photo © A Bloquet / Corif

Le trou d'envol est le plus souvent ovale (environ 14 à 16 cm sur 9 à 10 cm, la taille d'une main !), et débouche sur une loge d'un diamètre de 20 à 25 cm, pour une profondeur de 30 à 50 cm. Les œufs (2 à 5) sont pondus entre avril et mai, puis couvés 12 jours, surtout par le mâle. Pendant un mois, les jeunes resteront au nid… puis se sera le grand saut dans le vide.
Ils demeureront avec les adultes pendant encore un mois ou deux, avant leur dispersion définitive, en juin ou juillet.

En automne et en hiver, ces jeunes seront erratiques et pourront se déplacer de quelques dizaines à quelques centaines de kilomètres du lieu de leur naissance (DUQUET, 1992), le record appartenant à un jeune bagué en Allemagne en 1969… retrouvé à 1080 kilomètres plus loin, en Bretagne, en 1971 (CUISIN, 1991).

A la queue, comme tout le monde !

Une fois la reproduction du Pic noir achevée, les loges anciennes ou récentes ne restent pas vides bien longtemps ! Elles sont en effet réutilisées, les années suivantes, soit par le pic lui-même, soit par une foule d'autres locataires (CUISIN, 1983 – DEOM, 2003).

Parmi eux, on trouve bien sûr des oiseaux tels que le Pigeon colombin (qui, sans lui, ne pourrait souvent pas nicher dans nos systèmes agro-forestiers actuels), la Chouette hulotte, la Chouette de Tengmalm, le Choucas des tours, la Sittelle torchepot (qui en rétrécira l'entrée) ou l'Étourneau sansonnet… On peut aussi y rencontrer des mammifères, comme la Martre (qui peut d'ailleurs s'installer alors que le pic y est encore, en croquant, au besoin les œufs ou les jeunes, voire les adultes), la Fouine, l'Écureuil roux ou la Noctule commune. Parfois, ce sont des insectes (fréquemment les Abeilles sauvages, les Frelons ou les Guêpes, mais parfois aussi des larves de diptères) qui investissent les lieux.

La Hulotte

© Pierre DEOM - La Hulotte n°83 (www.lahulotte.fr)

 

 

Pour en savoir plus
CUISIN M. (1983) – Note sur certaines adaptations du Pic noir (Dryocopus martius (L)) et sa niche écologique dans deux biocénoses. L'ORFO, Vol. 53, 63-77.
CUISIN M. in YEATMAN-BERTHELOT D. (1991) – Atlas des oiseaux de France en hiver. Société Ornithologique de France. 575 p.
CUISIN M. in YEATMAN-BERTHELOT D. et JARRY J. (1994) – Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France. Société Ornithologique de France. 776 p.
DEOM P. (2002) – La Hulotte n°82 : les exploit d'Arsène Lepic. 44 p.
DEOM P. (2003) – La Hulotte n°83 : Arsène Lepic et ses locataires. 36 p.
DUQUET (sous la direction d'Hervé MAURIN) (1992) – Inventaire de la faune de France : vertébrés et principaux invertébrés. Muséum National d'Histoire Naturelle – Nathan. 416 p.
GEROUDET P. (1980) – Les passereaux : du coucou aux corvidés. Delachaux et Niestlé. 235 p.
LE MARECHAL P. et LESAFFRE G. (2000) – Les oiseaux d'Île-de-France : les oiseaux de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. 343 p.
NORMAND et LESAFFRE (1977) – Les oiseaux de la région parisienne et de Paris. A.P.O. 156 p.

Nous tenons à remercier la Hulotte (www.lahulotte.fr) qui nous a permis d'utiliser les deux dessins ci-dessus.