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Le Petit Rhinolophe

Une toute petite bête...

Le Petit Rhinolophe, Rhinolophus hipposideros. Classe des Mammifères, Ordre des Chiroptères, Famille des Rhinolophidés.

Pas de trèfle à quatre feuilles mais un fer à cheval

C'est le plus petit des rhinolophes européens, avec une longueur (tête + corps) de 37 à 45 mm, pour un poids de 4 à 9 g et une envergure de 192 à 254 mm. Son pelage, long et lâche, est brun gris-clair (sans nuance roussâtre) sur le dos et gris ou gris-blanc sur le ventre. Les jeunes sont gris foncé.
Les rhinolophes possèdent, sur la face, une excroissance de peau appelée "feuille nasale", caractéristique du genre. Elle est composée de quatre parties (du haut vers le bas) : la lancette, le connectif (repli de peau horizontal sous la lancette), la selle (avec deux pointes) et le fer à cheval, de forme arrondie, qui leur a valu leur nom (Rhis, rhino = nez; lophos = crète; hippos = cheval et sideros = fer).

© Fred Cloitre

Petit Rhinolophe au repos
Photo © Fred Cloitre

Chez le Petit Rhinolophe, la pointe inférieure de la selle est longue, pointue et recourbée vers l'avant, à peine dépassée, de profil, par la pointe supérieure, courte et arrondie.

© Thierry DISCA

En hiver, la selle, typique du Petit rhinolophe pointe parfois entre ses deux ailes entre-ouvertes.
Photo © Thierry Disca

Il n'y a pas de dimorphisme sexuel.

Pour hiberner, le Petit Rhinolophe se suspend bien en évidence, le corps presque entièrement enveloppé dans ses ailes.
Sa longévité moyenne est de 3 à 7 ans (21 ans pour le plus vieux Petit Rhinolophe bagué).

Chronique d'un déclin constaté ?

Encore courant dans le sud et le sud est de l'Europe, le Petit Rhinolophe est devenu rare à très rare dans le nord de son aire de distribution.
En effet, dans la seconde moitié du vingtième siècle, cette aire de distribution a reculé jusqu'à 500 km vers le sud, parallèlement à l'effondrement des populations dans tout l'ouest et le centre du continent.
Cette régression serait principalement due à un empoisonnement par le DDT ou le Lindane (traitement des cultures ou des charpentes), à la disparition des territoires de chasse et des corridors écologiques ou encore à la fermeture des combles ou des caves.

Pourtant, tout espoir est permis. Depuis le début des années 1990, un arrêt du déclin est constaté dans beaucoup de pays, là où des noyaux de population ont subsisté. Dans certains états, on remarque même une lente mais régulière amélioration. Néanmoins, pour certains, ils ne retrouveront plus les densités d'autrefois.
La France enregistre le même phénomène sur une bonne partie de son territoire, avec, localement (comme en Loraine), des progressions annuelles de 6,4 à 15%.

L'espèce a disparu de Paris (dernière donnée en 1960, selon l'INPN), mais elle se maintient autour de la grande couronne. Néanmoins, notre région n'accueille qu'une seule colonie d'élevage (découverte récemment dans le Val-d'Oise) et ses populations hivernantes sont très faibles (pas plus d'une soixantaine d'individus). Le Petit Rhinolophe serait peu commun ou localement commun dans le Val-d'Oise (principalement dans le Vexin français), et rare ou assez rare dans les Yvelines et la Seine-et-Marne (Arthur et Lemaire, 2009).
Dans ce dernier département, les résultats partiels des inventaires menés par circuits routiers de 2006 à 2008 ne révèlent que quatre données, alors qu'en 1944, il occupait 84% des gîtes d'hibernation de ce département (Source : ORGFH).

Statut

Le Petit Rhinolophe est protégé, en Europe, par la Convention de Berne (1979) relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe et par la Convention de Bonn (1979 aussi) relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage. Il figure à l'annexe 2 et 4 de la "Directive Habitats" européenne de 1992.
Il est protégé en France, par l'article L.411-1 du code de l'environnement et par l'arrêté du 23 avril 2007.
L'espèce est classée "LC" (préoccupation mineure) sur la liste rouge mondiale, comme sur la liste rouge nationale.
En Île-de-France, le Petit Rhinolophe est estimé "en danger", et la présence de colonies de reproduction ou de cavités d'hivernage de l'espèce permet de classer le site en Zone Naturelle d'Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF).

Ils parlent du nez !

En gîte, l'espèce demeure généralement silencieuse en dehors de la période de reproduction. En revanche, les colonies de reproduction sont parfois bruyantes et, lorsque les jeunes sont nés et qu'ils grandissent, on entend parfois de petits couinements.
En chasse, les cris d'écholocation du Petit Rhinolophe sont lancés par les deux narines, entourées de la feuille nasale qui sert de pavillon afin de concentrer et de focaliser l'émission. Leur oreille interne s'est adaptée. Ainsi, contrairement aux autres mammifères, la bulle tympanique est fixée au crâne par des couches molles de tissus conjonctifs, de sorte que les transmissions acoustiques puissent passer par les os.
Les cris d'écholocation sont lancés en fréquence quasi-constante (sauf au début et à la fin), d'une durée de 25 à 70 ms, sur une fréquence de 106 à 114 khz. Une harmonique est parfois émise vers 55 khz. Ces cris sont très faibles et ne portent pas à plus de 5 mètres.

Cris de Petit Rhinolophe ralentis 10 fois. Source : Jean-François Julien


Cliquer pour entendre le cri

Home sweet home

Le Petit Rhinolophe recherche les paysages semi-ouverts, où alternent bocages et forêts (feuillues ou mixtes, de petites ou grandes dimensions). Il occupe les plaines chaudes mais aussi la montagne, jusqu'à 2000 m. Ses territoires de chasse (des zones boisées, si possible anciennes et coupées de cours d'eau) se situent le plus souvent dans un rayon de 2,5 km autour du gîte. Son domaine vital ne dépasse donc pas la dizaine d'hectares.
Plutôt sédentaire, il se déplace peu (maximum de 282 km) et les gîtes d'hibernation et d'élevage ne sont ordinairement séparés que de 5 à 10 km. Il peut même rester dans le même bâtiment toute l'année, l'exploitant de la cave au grenier selon la saison, pour peu que celui-ci lui offre des amplitudes thermiques et hygrométriques suffisantes. Très casanier, certains individus s'accrochent exactement au même support d'une année sur l'autre. Bien que fidèle à son gîte de reproduction et d'hibernation, il arrive que le Petit Rhinolophe change de secteur d'une année sur l'autre, exploitant ainsi tout un réseau de sites locaux.

Le Petit Rhinolophe aime la chaleur. En hiver, on le retrouve généralement dans les cavités souterraines naturelles ou artificielles (grottes, puits, mines, galeries, caves, tunnels, carrières souterraines…), et plus rarement dans les arbres creux.
En Île-de-France (située au nord de son aire de distribution), les gîtes d'élevage et d'estivage sont situés près de l'homme, souvent dans les combles ou les caves des bâtiments (châteaux, églises, moulins…).

© Eric Médard

Petit Rhinolophe en gîte estival, suspendu à une poutre
Photo © Eric Médard

Vol de nuit

Le Petit Rhinolophe capture généralement ses proies en vol, avec sa gueule ou ses ailes, en glanant les insectes posés sur le feuillage. Il pratique l'affût plus rarement, et a même été observé chassant à pied, sur les pentes d'un toit.

©  Eric Médard

Petit Rhinolophe en chasse
Photo © Eric Médard

Les phases de chasse (trois en moyenne), alternent avec des phases de repos d'une à deux heures, dans le gîte ou en dehors.
Très ubiquiste, le Petit Rhinolophe attrape la plupart des insectes volants, de taille petite à moyenne, qui viennent croiser sa route : diptères (dont les moustiques), hyménoptères, chrysopes et petits papillons de nuit, ainsi que trichoptères, petits coléoptères, pucerons et même araignées.

Cycle annuel

La sortie d'hibernation a lieu de mi-mars à avril, en fonction des conditions climatiques locales.
Tandis que les mâles rejoignent leur gîte d'estivage, les femelles arrivent, courant avril, sur les colonies de mise bas. Les naissances s'échelonnent ensuite de la fin de mois de mai à la mi-juillet, avec une portée d'un petit par an.

Naissance d'un petit Petit Rhinolophe.
Source de la vidéo : Groupe Chiroptères de Provence

 

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Les jeunes sont alors élevés durant six semaines, jusqu'à leur indépendance. Les colonies se disloquent de la fin juillet à septembre.
C'est alors le moment des accouplements, jusqu'au mois de novembre. Après la copulation, la femelle conserve le sperme dans son oviducte et son utérus, grâce à un bouchon vaginal. Comme pour la Pipistrelle commune, l'ovulation et la fécondation sont alors différés jusqu'au printemps suivant.

Arrive ensuite le temps de l'hibernation. Progressivement, au fur et à mesure que la température baisse, les périodes d'activité sont de plus en plus courtes et les phases de sommeil de plus en plus longues. Lorsque les arbres n'ont plus de feuilles, la plupart des chauves-souris sont entrées en léthargie. Leur rythme cardiaque s'est ralenti pour se stabiliser autour de 11 à 25 battements par minute, avec des apnées pouvant durer jusqu'à … 90 mn. La température de leur corps a chuté pour se rapprocher de celle du milieu ambiant, habituellement comprise entre 0°C et 10°C. Si la température descend en-dessous de 0°C, les chauves-souris doivent fournir de l'énergie supplémentaire (prise sur leurs réserves) pour ne pas mourir gelées. C'est pourquoi, lorsque les conditions climatiques deviennent trop dangereuses, un signal d'alarme leur permet de se réveiller pour rejoindre un site thermiquement plus favorable.

  © Thierry DISCA

Petit Rhinolophe hibernant
Photo © Thierry DISCA


Pour en savoir plus

- ARTHUR L. et LEMAIRE M. (1999) - Chauves-souris maîtresses de la nuit. Delachaux et Niestlé. 265 p.
- ARTHUR L. et LEMAIRE M. (2009) - Les chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse. BIOTOPE. Meze (Collection Parthenope) ; Muséum National d'Histoire Naturelle. 544 p.
- BARRET P. (2005) - Guide complet des mammifères de France et d'Europe. Delachaux et Niestlé. 435 p.
- DIETZ Ch., VON HELVERSEN O. Et NILL D. (2009) - L'encyclopédie de chauves-souris d'Europe d'Afrique du Nord. Delachaux et Niestlé. 400 p.
- Fédération des clubs CPN (2003) - Sur les traces des chauves-souris. Cahier technique de la Gazette des terriers n°105. 84p.
- HEINARD R. (1989) - Mammifères sauvages d'Europe. Tome 1 : Insectivores - Chéiroptères - Carnivore. Delachaux et Niestlé. 332 p.
- La Documentation Française (2004) - Cahier habitat Natura 2000. Tome 7 : Espèces animales. Pp 38-41.

Liens utiles

http://www.ericmedard.com/crbst_4.html pour admirer d'autres photos de chauves-souris
http://www.gcprovence.org/petitrhino/videos.htm pour visionner d'autres vidéos de Petit Rhinolophe

Remerciements

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui nous ont aidé dans la rédaction de cet article, et notamment Fred Cloitre, Éric Médard et Thierry Disca pour leurs superbes clichés ainsi que Rodolphe Liozon et Audrey Pichard, pour les enregistrements qu'ils ont eu la gentillesse de nous faire parvenir.
Nous tenons aussi à remercier Tanguy Stoecklé (du Groupe Chiroptères de Provence), qui nous a aimablement autorisé à utiliser la vidéo qui illustre cet article, Jean-François Julien, pour ses enregistrements et ses précieuses informations, ainsi que Laurent Arthur, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions.