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L'espèce du moisLe Sympetrum rouge sang
Rouge comme la chaleur de l'été, parlons un peu d'une bestiole colorée, commune et facile à voir !
Il n'est pourtant pas très connu du public, le Sympetrum rouge sang, comme
en témoigne son nom, pur calque de son patronyme scientifique Sympetrum
sanguineum. Qu'est-ce donc ?
Sympetrum rouge sang, Sympetrum sanguineum. Famille des Libellulidae.
Sympetrum rouge sang
Photo © Cyrille Frey / Corif
C'est une Libellule !
Pas une de ces délicates demoiselles qui circulent entre
les roseaux en minuscules fétus bleus ; pas davantage le géant Anax imperator
qui promène son imposant hélicoptère jusqu'à la cime des arbres. Le corps du
Sympetrum mesure à peu près la longueur d'un pouce, soit une quarantaine de
millimètres. Son abdomen est d'un rouge profond, comme les attaches des ailes.
Les yeux et les ptérostigmas, ces quatre cellules disposées comme des feux de
position aux extrémités des ailes, sont d'une couleur plus sombre, presque
bordeaux. Un rétrécissement de l'abdomen, l'absence de jaune à la racine des
ailes le distinguent de l'autre "grosse Libellule rouge" commune de nos
régions, la bien nommée Libellule écarlate (Crocothemis erythraea). Quant à la
femelle, ses couleurs sont plus discrètes, comme chez beaucoup d'Odonates : un
jaune brunâtre grâce auquel elle se dissimule dans la végétation de l'été
finissant.
Le Sympetrum rouge sang est une espèce plutôt tardive...
... que l'on observe de juin jusqu'aux premiers froids de novembre.
Il s'accommode de toutes sortes d'eaux
stagnantes présentant une vague ceinture de roseaux ou un quelconque ersatz :
il fréquente aussi bien les mares forestières que les grandes zones humides,
et même les bassins très aménagés des parcs urbains. Les larves chassent à
l'affût dans les plantes aquatiques. Après la métamorphose, les adultes
s'éloignent quelque peu de l'eau pour une période de maturation d'une dizaine
de jours. On les observe alors dans les chemins herbeux, les clairières, les
prairies... Rapidement, ils rejoignent les milieux humides pour y mener leur
existence de prédateur, se tenant posés sur une tige avant de fondre sur leur
proie.
Comme une statue !
Comme tous les Anisoptères (les "grandes Libellules"), le Sympetrum
posé tient ses ailes étalées à plat. Par temps chaud, il adopte fréquemment
la posture de "l'obélisque" : l'abdomen dressé vers le soleil, les ailes
rabattues ombragent le thorax et la surface du corps directement exposée aux
rayons est réduite.
Vif et farouche, le Sympetrum se laisse difficilement approcher et décolle
fréquemment, tantôt pour chasser, tantôt pour un bref vol de surveillance de
son territoire.
Histoire d'eau...
L'accouplement est classique : le mâle saisit la femelle, le
tandem se pose un peu plus loin, puis reprend son vol à la recherche d'un lieu
de ponte. Les oeufs sont déposés à proximité immédiate de l'eau, dans un secteur
sec voué à être inondé en fin de saison. L'éclosion n'aura lieu qu'en mars ou
avril suivant.
A vous de jouer !
Il vous reste encore du temps pour fureter près des mares et des
étangs, et repérer les petits chasseurs rouge sang ! Avant, pourquoi pas, de
s'armer d'un guide et de se tenir prêt, au printemps, à identifier d'autres espèces...
Pour en savoir plus :
Michael CHINERY - Insectes de France et d'Europe Occidentale. Éditions Flammarion.
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