L'espèce du moisLe Faucon crécerelleFalco tinnunculus Linnaeus, 1758, famille des Falconidés. Synonymes : Crécerelle d'Europe, Crécerelle (au féminin), Tiercelet, et Émouchet (par confusion avec l'Épervier d'Europe). Tête bleue pour Monsieur, tête rousse pour MadameLe Faucon crécerelle est un petit faucon, de la taille d'un pigeon (30 à 40 cm). Le mâle est très contrasté. Sa tête et sa queue sont grises. Cette dernière arbore parfois quelques barres noires, ainsi qu'une bande sub-terminale noire. Son dos est roux, ponctué de taches noires. ![]() Mâle de Faucon crécerelle La femelle, quant à elle, est plus uniforme. Un peu plus grande que le mâle, elle montre un plumage brun-roux, avec la tête, le dos et la queue barrée de stries noires. Le croupion et la queue peuvent, avec le temps, prendre une teinte grisâtre, qui augmente avec l'âge (DEMONGIN, 2013). La tête aussi est parfois teintée de grisâtre. ![]() Femelle de Faucon crécerelle Les jeunes ressemblent à la femelle, en plus roux. Ils ont aussi davantage de barres, et semblent donc plus sombre. En vol (battu), la silhouette de ce faucon est identifiable à sa longue queue, ainsi qu'à ses ailes étroites et pointues (contrairement à celles de l'Épervier d'Europe Accipiter nisus). Une maison de campagne et un loft dans la capitaleL'espèce s'observe le plus souvent dans des milieux ouverts à semi-ouverts très diversifiés. Ses zones de chasse sont variées : cultures, herbages, friches, terrains vagues, coupes forestières, bermes routières et autoroutières ou encore bandes herbeuses le long des canaux. On le trouve même au sein des agglomérations, pour peu que les micromammifères abondent. Il évite les massifs forestiers compacts. C'est aussi l'un des rares rapaces parisiens, qui niche dans la capitale (32 couples certains ou probables), en particulier en son centre et en périphérie nord. Il y fait l'objet d'un suivi, initié par le CORIF, depuis 1987 (MALHER F. et al., 2010). Cris d'étéL'espèce est plutôt discrète en dehors de la période de reproduction. Aux beaux jours, elle devient plus loquace et lance souvent des petits cris aigues, sonores et stridents. Il s'agit généralement d'alarme ou d'avertissement aux intrus qui approchent de l'aire. Des cris vibrants et prolongés sont aussi émis, par exemple lors des accouplements ou lorsque les deux partenaires se rencontre. Ces deux types de cris sont illustrés dans l'enregistrement ci-dessous.
Statut juridiqueLe Faucon crécerelle est protégé en France (arrêté du 29 octobre 2009), comme en Europe (convention de Bern, du 19 octobre 1979, relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe et convention de Bonn, du 23 juin 1979, relative à la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage). Il est aussi protégé du commerce international par son inscription à la convention de Washington du 3 mars 1973, et à l'annexe A du règlement CEE/CITES. BiologieLa population française est considérée comme migratrice partielle (THIOLLAY, 1994), les couples urbains étant les plus sédentaires (THIOLLAY, 1991). La migration prénuptiale est peu marquée, et se déroule de février à mai. La crécerelle est fidèle à son site de reproduction. Les œufs (un à sept) sont pondus, en avril ou mai, sur une plate-forme, une cavité dans une falaise, un ancien nid de rapace ou de corvidé ou sur un bâtiment. Après un mois d'incubation (essentiellement assurée par la femelle), les jeunes naissent et sont nourrit, d'abord par le mâle, rapidement secondé par la femelle. Ils s'envolent au bout d'un mois et seront encore ravitaillés par leurs parents durant quinze à trente jours. Après… à eux d'apprendre à chasse ! Ils ne se reproduiront, à leur tour, que dans leur deuxième ou troisième année (DEMONGIN, 2013). ![]() Jeunes Faucons crécerelles La migration postnuptiale s'étend de la fin août à la mi-novembre, avec un point culminant à la mi-septembre. L'hivernage concerne non seulement les individus nordiques et orientaux, mais aussi ceux qui nichent en France, car ces derniers ne se déplacent pas sur de grandes distances pour peu que la nourriture reste suffisante. L'espèce est néanmoins sensible au froid et à la neige (THIOLLAY, 1991). Évolution de la populationEn Europe, la population nicheuse de Faucon crécerelle est importante (plus de 330 000 couples), mais elle a subi un déclin modéré entre 1970 et 1990. Bien que la tendance soit stable ou en augmentation dans de nombreux pays durant les années 1990 à 2000, les populations clefs du Royaume-Uni, de France et de Russie ont décliné, et l'espèce a souffert d'un déclin général supérieur à 10%. Bien que le Faucon crécerelle ne soit pas menacé en France, sa population y est aussi en diminution (-58% depuis 1989, -15% depuis 2001), selon les résultats du Suivi Temporel des Oiseaux Communs (STOC), notamment en raison de l'intensification de l'agriculture. L'espèce est commune en Île-de-France, où sa population (estimée à 2500 couples en 1995) (LE MARECHAL et LESAFFRE, 2000) était considérée comme stable entre 2002 et 2011 (ANGLADE, 2012). Du campagnol des friches au piafs de ParisLe Faucon crécerelle chasse dans les milieux ouverts ou semi-ouverts dans différent type d'habitat, qu'il s'agisse des bords de mer, de la campagne ou de la montagne. Il affectionne en particulier les friches et les prairies pâturées. Sa plasticité et sa faculté d'adaptation lui ont permis de s'installer jusqu'au cœur des agglomérations. Néanmoins, il ne fréquente les formations forestières qu'en périphérie ou à la faveur des grandes parcelles en régénération. Il peut chasser à l'affût, mais possède aussi une technique qui lui est propre, très efficace quand les proies sont peu visibles. Il parcourt son territoire, la tête dirigée vers le sol, ce que permet de le distinguer du Coucou gris Cuculus canorus. ![]() Le Faucon crécerelle part en chasse Lorsqu'il a repéré sa proie, le Faucon crécerelle adopte un vol en « Saint-Esprit ». Il s'immobilise en plein ciel en volant sur place, comme suspendu à un fil, les yeux fixés sur son déjeuner. Ses ailes battent rapidement et sa queue est déployée en éventail. ![]() Il a repéré sa proie Puis il « décroche », descend un peu, et recommence sa tactique. Après plusieurs paliers, lorsqu'il se sent assez près pour attaquer, il se laisse tomber au sol, capture sa proie, et l'emporte généralement pour la déguster en toute tranquillité. ![]() La chasse est couronnée de succès Cette dernière est souvent constituée de micromammifères et principalement de campagnols, mais il peut aussi se satisfaire de lézards ou d'insectes. Certains, comme ceux qui se reproduisent dans Paris, ont appris à chasser les oiseaux et les ramènent au nid pour nourrir les jeunes. BibliographieANGLADE I. (2012) - Observatoire Régional des Oiseaux Communs d'Île-de-France : Rapport d'activités 2011. CORIF. 48 p. Collectif (2012) (révision et actualisation par TROUVILLIER j. et WINTERGEIST J.) – Cahiers d'habitats Natura 2000. Connaissance et gestion des habitats et des espèces d'intérêt communautaire. Tome 8 : Oiseaux. Volume 1 : de l'Aigle botté à la Fauvette pitchou. La documentation française. Pp. 325-329. DEMONGIN L. (2013) – Guide d'identification des oiseaux en main : les 250 espèces les plus baguées en France. 310 p. LE MARECHAL P. et LESAFFRE G. (2000) – Les oiseaux d'Île-de-France : l'avifaune de Paris et de sa région. Delachaux et Niestlé. 343 p.= MALHER F., LESAFRE G., ZUCCA M. et COATMEUR J. (2010) – Oiseaux nicheurs de Paris ; un atlas urbain. Corif. Delachaux et Niestlé. 240 p. THIOLLAY J-M (1991) – Faucon crécerelle, in YEATMAN-BERTHELOT D., Atlas des oiseaux de France et hiver. Paris. SEOF. : 172-173. THIOLLAY J-M (1994) – Faucon crécerelle in YEATMAN-BERTHELOT D. et JARRY G., Nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France : 1985-1989. Paris. SEOF. : 206-207. |
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